Les velléités de doter le bled d’une nouvelle Constitution ne font l’ombre d’aucun doute au RPG arc-en-ciel et à la mouvance pestilentielle. Le prési Alpha Grimpeur et son entourage caressent le rêve de continuer à élire domicile dans la tanière de Sékhoutouréyah pour plusieurs années encore. Depuis des mois, les caciques du RPG sillonnent coins et recoins pour convaincre le populo de la nécessité de changer de loi fondamentale afin, prétendent-ils, de l’adapter « aux réalités de la Guinée ». Un projet rejeté par une large partie de la population, de la classe politique et de la société civile. Le débat sur les fondements juridiques divise également les constitutionalistes. Bien des juristes estiment déjà qu’Alpha Grimpeur peut appeler à un « referendum sur la base de l’article 51 ».

Invité de l’émission, Œil de Lynx, de la radio Lynx fm, ce 6 juin, Me Bachir Barry, magistrat, ancien ministre de la Justice, a réfuté ces interprétations. « Si on voulait résumer tout ce débat, on peut le faire en une seule question : Est-ce-que le chef de l’Etat a le droit de violer la Constitution ? Il y a les propos et les discussions autour de l’article 51, j’ai été profondément déçu par le niveau juridique des débats. Cet article fait allusion au fonctionnement des institutions. La Constitution n’a pas pour objectif de fixer les règles de fonctionnement des institutions. Sa mission, c’est de fixer les règles de fonctionnement l’Etat ». Il indique que les partisans de la modification de la Constitution ne s’appuient sur aucune base juridique qu’il y a « une Constitution en vigueur, on peut en penser ce qu’on veut, la trouver mauvaise, mais c’est sur elle qu’Alpha a prêté serment. Tous ceux qui pérorent-là, à commencer par monsieur le premier ministre, ont été nommés en vertu de cette Constitution. On ne peut pas parler de nouvelle Constitution s’il n’y a pas une ancienne. On peut faire des extrapolations, raconter tout ce qu’on veut, mais juridiquement c’est imparable ». Me Bachir Barry accuse l’entourage du chef de l’Etat de vouloir le maintenir au pouvoir pour pouvoir garder ses privilèges. « Il y a des gens qui ne sont plus au gouvernement qui veulent y retourner, il y en a qui veulent être ministres, qui visent des postes de préfet, de gouverneur, d’ambassadeurs…Si les choses changent, ils sont foutus. Ils vont tout faire pour que le système actuel demeure. Ce sont quelques personnes qui ont intérêt à ce que la situation perdure qui sont en train de s’agiter. Ils défendent leur beef steak ; eux-mêmes ne sont pas convaincus par ce qu’ils disent. Le but fondamental de cette nouvelle Constitution est de permettre à l’actuel président de briguer un 3e mandat, » conclut l’ancien Garde des Sceaux.

Yacine Diallo