Le 26 juin, s’est ouvert à la Maison de la presse de Kipé, Conakry, la table ronde sur les relations entre magistrats, forces de sécurité et médias. Objectif, créer un environnement de collaboration et de confiance entre les trois entités dans le respect des lois de la république. L’initiative vient des associations de presse, l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (Agepi) en tête. Avec la participation financière d’OSIWA. Les échanges ont porté sur la procédure en cas de délits de presse et de délits commis par voie de presse, animés par Mohamed Aly Thiam, le président de la Chambre administrative à la cour d’Appel de Conakry. Le président de l’Agepi, Moussa Iboun Conté, a déclaré que la liberté de la presse ne s’illustre pas seulement à travers la multiplication des médias, mais aussi par la protection et l’accompagnement des journalistes dans leur travail quotidien. Il regrette que les relations entre journalistes, magistrats et forces de sécurité soient « très fragiles, caractérisées par la méfiance », d’où la tenue de la table ronde. « Nous sommes partis du constat que les trois entités, à travers leurs acteurs, travaillent ensemble sans qu’aucune d’elles ne sache l’étendue et la limite du champs que le législateur guinéen a défini pour lui. Nous avons décidé de les mettre ensemble pour qu’on fasse des exposés soutenus, assortis d’expériences vécues ailleurs sur ce qui peut être la relation entre le secteur de la justice, des forces de sécurité et les médias. Nous ne voudrions pas que dans notre pays, la méconnaissance du cadre juridique de chaque entité, que les relations du secteur de l’information et de la communication, de la justice et des médias, soient des relations heurtées. On ne peut résoudre ce malentendu qu’à travers le dialogue », a souligné Moussa Iboun Conté.
Mohamed Aly Thiam, le président de la Chambre Administrative à la Cour Suprême précise qu’il n’y a pas de délit de presse sans publication, laquelle est l’élément matériel du délit de presse. « Pour qu’il y ait délit de presse, la loi a prévu un certain nombre d’infractions. Elle a prévu également des droits qui protègent le journaliste ou le professionnel de la communication. Selon la règle de la responsabilité par cascade, l’auteur d’un article n’est pas le premier à être poursuivi en cas d’un délit de presse. Mais, celui qui a publié puisqu’il n’y a pas délit de presse sans publication. Le deuxième élément, c’est la décision que l’on prend pour diffuser une information, car celui qui a décidé de mettre à la disposition du public l’information qui constitue le délit. Donc, ces deux éléments font que celui qui doit porter plainte doit savoir contre qui il le fait », ajoute-t-il, avant de rappeler qu’il n’y a pas d’enquête de police sur les délits de presse, « à moins que le juge saisi de la question n’ordonne une enquête que lui-même va préciser. »
Yaya Doumbouya