Le procès des deux jeunes du mouvement « Amoulanfé », (NDLR: « Ça ne passera pas »), s’est ouvert le 1er juillet au tribunal de première instance de Mafanco. Ousmane Akam Sacko et Oumar Bella Baldé sont accusés par le parquet d’attroupement interdit susceptible de troubler l’ordre public. Une inculpation fermement rejetée par les accusés. Devant le juge Amadou Kindy Baldé, les prévenus affirment avoir été interpellés dans l’enceinte du siège de la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG) : « Je n’ai jamais troublé l’ordre public. Il y a plus de 35 mètres entre la cour qui abrite la MAOG et la voie publique. Ils m’ont arrêté peut-être à cause du T-shirt que je portais, sur lequel était écrit “Amoulanfé“. Les policiers nous reprochaient de nous être alliés avec des opposants », a expliqué à la barre, Ousmane Akam Sacko. Même version chez son coaccusé, Oumar Bella Baldé : « Ce n’était pas un attroupement, mais une réunion. Moi j’étais en train de ranger les chaises dans la cour, quand ils ont débarqué. Cette accusation est sans fondement, parce que nous n’étions même pas dans la cour d’un leader politique, mais au siège de la société civile. Moi, je ne participe jamais à une réunion d’un parti politique, mais quand la société civile fait appel, j’assiste ».
Les témoignages des accusés ont réconforté les avocats de la défense. Me Mohamed Traoré estime que ce dossier est vide : « On a simplement encombré le rôle de ce lundi. Le parquet a commis une erreur en renvoyant ces deux citoyens par-devant le tribunal, mais il peut sortir grand en les libérant purement et simplement, pour délit non constitué ».
Le ministère public n’a quasiment pas eu de questions à poser aux accusés, il a sollicité un renvoi afin, dit-il, de se préparer pour les réquisitions. Une demande contestée par les avocats de la défense qui souhaitaient enchaîner sur les plaidoiries. Finalement, le juge, Amadou Kindy Baldé, a renvoyé l’affaire au 8 juillet, pour les plaidoiries et les réquisitions.
Ousmane Akam Sacko et Oumar Bella Barry ont été interpellés le 16 juin dans les locaux de la Maison des associations et ONG de Guinée à Yimbaya, dans la commune de Matoto. Ils y étaient allés pour participer à la cérémonie de lancement officiel du mouvement « Amoulanfé », qui veut barrer la route au projet de troisième mandat anticonstitutionnel. Seulement voilà, sur ordre du maire contesté de cette commune, Mamadouba Tos Camara, la flicaille a dispersé le rassemblement à coups de matraque et de gaz lacrymogène et procédé à des arrestations.

Yacine Diallo