Le Comité de pilotage chargé d’organiser la tenue du procès des massacres du 28 septembre 2009 a rencontré, ce mercredi, le ministre de la Justice par intérim, Mamadou Lamine Fofana. Le but est de réaffirmer dit-on, la volonté politique du gouvernement guinéen de voir se tenir ce procès dans les jours à venir, même si aucune date n’a été avancée.
Selon le ministre Faux-fana, l’objectif est de « commencer les préparatifs concrets de la tenue du procès. Ça démarre maintenant. Ça s’entend par le local qui doit abriter le procès, et préparer le personnel judiciaire, de sécurité, de communication. Ce procès est un procès national à résonance internationale, il faut qu’il soit préparé minutieusement, il ne faut pas qu’il y ait des failles ou des faux pas ». Ce procès, dit-il, est un défi pour la Guinée. Après les événements du 28 septembre, la CPI s’est intéressée au dossier, mais la Guinée a préféré juger elle-même cette affaire, parce que les événements se sont déroulés en Guinée. Ce procès est aussi un miroir, « cela fait 5 ans qu’une réforme du système judiciaire guinéen est en cours, il faut apporter la preuve que cela a réussi ».
Quant au choix du lieu, le Cinéma liberté a été abandonné. La rénovation coûterait pratiquement le prix d’un bâtiment flambant neuf, alors le ministère a opté pour tenir le procès dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry où une salle d’audience sera édifiée dans les jours à venir.
Côté financement, les partenaires « nous ont rassuré de leurs appuis, de nous accompagner. La France, les Etats-Unis, l’Union européenne, les Nations-Unies et tous les autres. La Guinée va financer 77% et les partenaires 33%. La Guinée a déjà déboursé 20 milliards, avec lesquelles on va démarrer les travaux d’édification de la salle d’audience. Le reste viendra après ». Le budget prévisionnel est de 78 milliards de francs guinéens.
Ghislain Poissonnier, attaché de coopération à l’ambassade de France en Guinée, représente son ambassade au sein du comité de pilotage : « Nous avons, en lien avec les autorités guinéennes, formé en France quelques jours, les magistrats et greffiers qui vont siéger dans le tribunal, qui vont juger les responsables des crimes du massacre du 28 sept. Un tel procès est exceptionnel et nécessitait des magistrats et greffiers bien formés en droit guinéen et droit international, en procédure et les sensibiliser aux aspects pratiques d’un procès sensible. Le coût de la formation sera pris en charge par la coopération française ».
L’école nationale de la magistrature de Paris a une expertise reconnue à l’international, dit sieur Poissonnier. Elle a formé par exemple les magistrats qui siègent dans les chambres extraordinaires chargées de juger les atrocités commises en Rép. Centre Africaine.
Oumar Tély Diallo