La Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CG-C.P.I), était ce mercredi, à la maison de la presse pour commémorer les 10 ans des massacres du 28 septembre 2009. Une décennie après, le procès se fait toujours attendre. Aucune victime n’a été indemnisée à titre provisoire, à part La Petite Cellule, le Sid de l’UFR et feu Lapin Doré.

Me Hamidou Barry ne comprend pas pourquoi la justice guinéenne traine les pas . « L’affaire a été clôturée depuis le 25 juin 2019, nous ne comprenons pas pourquoi ils ont changé le site qui devait abriter le procès, le Cinéma Liberté. Là, il s’agissait seulement de compartimenter et sonoriser la salle. Hier, j’étais à la Cour d’appel pour voir le lieu proposé pour construire le site je n’ai trouvé que des arbres et des herbes, c’est pour vous dire qu’il faut qu’on soit sincère avec les victimes, avec nous-mêmes avec notre conscience. La volonté politique n’est pas réelle, nous voulons des actes concrets. L’ouverture du procès, c’est ce que nous voulons. Mais nous continuerons le combat. Nous allons saisir la CPI, la Coalition mondiale pour la Cour pénale internationale, le Réseau africain pour la justice pénale internationale, Amnesty international et Human Right Watch pour obtenir un appui afin qu’il y ait procès ». L’avocat sans vinaigrette a d’autres préoccupations. En plus du retard pris dans l’organisation du procès, il estime encore que la justice guinéenne et les victimes n’ont pas la même lecture de la gravité des crimes commis. « A date, les juridictions guinéennes considèrent les massacres du 28 septembre 2009 comme des crimes ordinaires, alors que pour nous, ce sont des crimes contre l’humanité ». Ses arguments se fondent sur le rapport international d’enquête des Nations-Unies, l’examen préliminaire de l’affaire par la Cour pénale internationale qui a d’ailleurs effectué 16 missions en Guinée, et a obtenu l’inculpation du capitaine Dadis Camara et le colonel Toumba Diakité sur la base de l’article 28 du Statut de Rome. Alors, « nous ne comprenons pas que la justice guinéenne considère ces crimes comme des crimes ordinaires, d’assassinats et de meurtres ».
En attendant la tenue du procès, Me Barry milite pour une indemnisation provisoire des victimes dont certaines ont encore des balles dans le corps, d’autres souffrent des conséquences des opérations (amputations par exemple) qui n’ont pas réussi. « Nous sollicitons l’indemnisation provisoire des victimes. Si l’Etat a indemnisé 3 anciens Premiers ministres, en Afrique quand on est ministre, on est à l’abri du besoin. Pourquoi ne pas indemniser les victimes ordinaires : élèves, étudiants, tailleurs, ménagères, enseignants ». Il demande également l’examen de toutes les violations des droits humains depuis l’indépendance de la Guinée, car dit-il, on ne peut pas construire un Etat de droit sans la justice.

Déclaration
Les dix ans des massacres du 28 septembre 2009
Dans soixante-douze (72) heures, les massacres du 28 septembre 2009 auront dix ans. Pour mémoire, les forces de défense et de sécurité, suite à la manifestation des Forces Vives contre la candidature de Moussa Dadis Camara à l’élection présidentielle de janvier 2010, ont été à l’origine d’environ cent cinquante (150) personnes tuées, des dizaines de femmes violées, environ une centaine de disparus, des centaines de blessés, des séquestrations, des arrestations illégales et des dégâts matériels importants.
Si de nos jours, dix (10) ans après les massacres, l’information a été clôturée depuis le 25 juin 2019, par devant la Cour Suprême, avec douze (12) accusés, environ quatre cent trente (430) victimes entendues, quinze (16) témoins auditionnés et la mise en place du Comité de pilotage pour la tenue du procès, force est de reconnaitre que les victimes sont de nos jours impatientes voire inquiètes quant à l’ouverture d’un procès juste, équitable et inclusive.
La Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCP) relève également que depuis l’ouverture des enquêtes en février 2010, devant les juridictions guinéennes, beaucoup de victimes sont décédées, certaines sont malades et vivent dans la précarité la plus absolue. A ce triste constat, il faut ajouter la situation des femmes répudiées par leur mari et celles atteintes du V.l.H SIDA, suite aux viols dont elles ont été victimes, sans oublier les enfants orphelins déscolarisés, qui doivent être normalement assistés.
Par ailleurs, il convient de rappeler que certaines victimes, précisément les trois anciens premiers ministres, ont reçu chacun deux milliards de francs guinéens, soit au total six milliards de francs guinéens (6 000 000 000 GNF) à titre d’indemnité provisoire pour les préjudices qu’ils ont subis lors des massacres du 28 Septembre 2009
Pour toutes ces raisons, la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCP)) lance un appel au Gouvernement guinéen, au Comité de pilotage, aux Partenaires bi et multilatéraux pour l’indemnisation provisoire des victimes des massacres du 28 septembre et l’ouverture d’un procès juste et équitable.
Conakry le 25 septembre 2019,
Pour le Bureau exécutif national
Maitre El Hadj Hamidou Barry