Les 14 et 15 octobre, notre capitale Conakry était complètement paralysée par la manifestation appelée par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), protestant contre la volonté affichée de l’Alphagouvernance de s’éterniser au pouvoir. Le 19 octobre, l’assemblée générale hebdomadaire du Rpg arc-en-fiel à Gbessia (Conakry) s’est ouverte par une minute de silence à la mémoire des dix personnes fauchées par balles lors de la manifestation de la semaine dernière. La direction nationale du parti a fait une déclaration dans laquelle elle « constate avec regret la montée récurrente de la violence et de l’intolérance dans notre pays, marquée par des séries d’agitations, de violences, avec des cas de décès enregistrés », à l’initiative d’« un prétendu Front national pour la défense de la Constitution. Quelle légitimité dispose ce fameux front pour parler, d’agir au nom du peuple souverain de Guinée ? » La direction nationale du Rpg arc-en-ciel « encourage » le gouvernement à « accélérer les enquêtes en cours afin de mettre hors d’état de nuire ces individus qui sèment la mort pendant les manifestations de l’opposition, d’où qu’ils viennent. » Le Rpg regrette, dans la déclaration, « qu’il y ait des Guinéens qui décident de marcher sur des cadavres des autres Guinéens pour arriver au pouvoir. Qu’il y ait des Guinéens qui décident d’arriver au pouvoir par la voie de la violence et des armes, en violation des dispositions de la Constitution qu’ils prétendent défendre. Qu’il y ait des Guinéens qui pensent qu’ils peuvent écourter le mandat du Président Alpha Condé que le peuple de Guinée lui a donné librement. »

Au total, la manifestation a fait une dizaine de morts par balles en l’espace de deux jours, plus d’une centaine de blessés et de nombreux actes de vandalisme auxquels se seraient livrées les forces de l’ordre, d’après divers témoignages. Le Rpg pour sa part remercie « les forces de défense et de sécurité pour leur professionnalisme et leur retenue, nous évitant ainsi le chaos et la désolation », indique la déclaration.

« Le troisième mandat est un faux débat »

Amadou Damaro Camara, membre du bureau politique national, a déclaré que le Président Alpha Condé « n’a pas demandé à garder le pouvoir par décret, non plus de le garder par sa majorité à l’Assemblée nationale. Jean-Jacques Rousseau a dit que le peuple a le droit de changer ses lois même si elles sont les meilleures. Tout ce que le Président demande, est-ce que je peux soumettre au peuple pour qu’il se prononce par oui ou non. En quoi cela est difficile ? En quoi cela peut amener à des pertes de vie ? » Pour lui, le problème de troisième mandat « est un faux débat, pour nous, c’est la nouvelle Constitution », car souligne-t-il, le peuple de Guinée « a le droit de se doter d’une nouvelle Constitution, et dans le respect de cette Constitution, la suite viendra. C’est cela la réalité. Le parti demande aux uns et aux autres de prôner le vivre-ensemble. » Puis d’égratigner au passage le FNDC : « On dit que si l’éléphant vient dans le champ de l’hyène la nuit, c’est pour lui éviter l’humiliation sinon il peut venir en plein jour il y aura rien. Le professeur Alpha Condé est fort d’une seule chose et unique : c’est le soutien du peuple de Guinée exprimé clairement en 2015 avec environ 60 % des voix. Il est le seul à bénéficier de cette souveraineté du peuple de Guinée. »

Yaya Doumbouya