Dans la célèbre émission, Invité-Afrique, qu’il anime à Radio France Internationale, Christophe Boisbouvier a tendu le micro, lundi 6 janvier, à un juriste français, Edmond Jouve, qui n’est pas allé de main morte pour conseiller à Alpha Condé de ne pas se hasarder à briguer un 3è mandat. L’auteur du Passeur d’avenir, de surcroit ami du président guinéen, a apporté sa contribution à de nombreux pays à travers le monde qui souhaitaient reformer leurs constitutions. Le constitutionnaliste français semble évoquer le référendum avant la lettre, fort de l’amitié à Alpha Condé qui le « liait » à Alpha Condé et la somme considérable d’expériences de terrain qu’il a dû accumuler dans sa carrière de juriste. « D’abord, dit-il, Alpha Condé était un grand ami. Nous avons été des professeur-assistant ensemble à l’université Paris 1 et le reste. Il était, si vous le voulez un grand révolutionnaire. Alors, aujourd’hui, le problème qui se pose est de savoir évidemment s’il va accomplir un nouveau mandat. Ça va vous laisser un petit peu perplexe. Mais si on est un grand président, pourquoi ne pas persévérer. Maintenant, je reconnais que c’est mieux de faire un certain temps et ensuite de laisser la place, ne serait-ce que parce que chacun fait un petit peu à sa manière et peut apporter des choses nouvelles au pays qu’il aspire à présider. Alors s’il fallait dire oui ou non, je dirais non, il vaut mieux limiter les mandats »

En Guinée, les réseaux sociaux n’ont pas manqué de se saisir de l’émission pour la décortiquer. A commencer par les hommes et femmes de droit, avant qu’elle ne se répande comme une trainée de poudre au niveau des autres cadres du pays. Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats, y voit deux aspects distincts. Le constitutionaliste se présente « comme un vieil ami du Pr Alpha Condé ». Il ajoute qu’ils ont tous été professeur-assistant à la Faculté de Droit de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Ce qui confirme les propos d’une autre vielle connaissance du Président guinéen, en l’occurrence le Pr. Bertrand Badie, autre célèbre politologue français. Ce dernier a affirmé également à propos de M. Alpha Condé qu’ils ont tous été de « jeunes assistants » à la Sorbonne. Même que ce dernier n’a pas pu poursuivre sa carrière universitaire pour les raisons qu’il évoque dans son livre  » Une autre idée de la Guinée  » (Entretien avec François Soudan). Puis, Edmond Jouve encourage la limitation du nombre de mandats présidentiels et conseille à son ami guinéen de ne pas briguer un 3ème mandat.

Les internautes ont passé au peigne fin le style, le temps, jusqu’aux « nuances » qu’ils décèlent chez le juriste français.

  • Je l’ai aussi écouté. D’Alpha Condé, il a dit qu’il « était un ami ». Le sont-ils encore? C’est une conjugaison.

  • J’ai compris la nuance. J’ai voulu faire remarquer que l’amitié est précaire chez ceux qui s’engagent en politique. Une autre nuance, car jouer avec les sentiments est la pire des méchancetés. Il ne boude pas. Il a plutôt une structure mentale qui refuse d’être contrariée sur ses certitudes. Il doit toujours avoir raison et Edgar Faure disait « qu’avoir toujours raison est un grand tort.»

En tout état de cause la question de l’amitié durable avec le Président guinéen se pose avec acuité. Pierre Olivier Sur, l’avocat français qui l’avait vaillamment défendu lors de son arrestation à Pinet ne dira certainement pas le contraire. Même son jumeau de toujours, Bernard Kouchner aurait reçu quelques petits « rappels à l’ordre » avant qu’il ne se résigne à espacer ses visites à Conakry. À présent, des esprits chagrins sont sur le point d’inscrire Tony Blair sur la liste des anciens amis d’Alpha Condé. Mais Bolloré n’a encore dit…d’audible.