Les exactions des farces de l’ordre sur les citoyens lors des manifs du FNDC ne cessent de monter crescendo sur l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa-Wanindara. Alors que les Guinéens n’ont pas encore oublié l’agression d’El hadj Abdourahmane Diallo, un vieil homme de 62 ans par des policiers, une autre personne vient de subir les foudres de la flicaille au quartier Wanindara 3, hier mercredi 29 janvier. Fatoumata Bah, mère de cinq enfants dont un bébé de 7 mois, a été molestée, utilisée comme bouclier contre les jets de pierres et traînée par terre par deux flics une bonne dizaine de mètres avant d’être relâchée sous la pression des jeunes du quartier. Au lendemain de cette agression, dame Fatoumata Bah, encore sous le choc, a accepté de raconter sa mésaventure : « J’étais avec une amie ici (son domicile, ndlr), elle a été informée que son enfant a été touché par un projectile. Elle est sortie brusquement et s’est mise à courir. J’ai tenté de l’arrêter, mais je n’ai pas pu. Alors je l’ai suivi comme il n’y avait aucun problème, la circulation était normale. Je l’apercevais devant moi. Mais des policiers s’étaient cachés derrière une mosquée, à quelques mètres de chez elle (Wanindara 3). J’étais avec un vieux, dès que nous sommes arrivés, ils ont arrêté le vieux et l’ont embarqué dans leur pick-up. Ils m’ont arrêté moi, m’ont demandé le nom de mon quartier, j’ai répondu. Ils m’ont demandé pourquoi j’étais là-bas, j’ai dit que je revenais de l’hôpital. Ils ont directement dit que je mentais, je leur ai dit que même en me voyant on se rend compte que je suis malade. Ils se sont dits de me garder en otage pour espérer arrêter ou tiré sur un des jeunes manifestants. Directement un policier m’a attrapé par la main gauche, un autre par la main droite. Ils me trainaient, leurs amis nous suivaient et tiraient en direction des enfants. Entre temps, un enfant m’a reconnu. Il a dit à ses amis que je suis la femme d’un de ses frères ».
A en croire la victime, ce sont les jeunes du quartier qui ont obtenu sa libération : « Le jeune a demandé à ses amis de l’aider à me sauver. Il a dit aux enfants “chercher beaucoup de pierres. Quand on les attaque tous ensemble ils vont fuir”. Ils ont utilisé cette stratégie, quand les deux agents ont compris que leurs camarades ont fui, et que les enfants s’approchaient en grand nombre, ils m’ont laissé et se sont enfuis. Les enfants sont venus me prendre et m’ont amené par la suite chez la dame ».
Fatoumata Bah a une entorse au niveau du pied droit et présente quelques égratignures. Aujourd’hui, elle dit s’en remettre à Dieu, même si elle n’exclut pas de porter l’affaire devant la justice : « Moi j’étais de passage, j’ai tout fait pour les éviter. Mais la réalité est que les policiers descendent dans les quartiers pour faire des exactions. Il faut que le Président dise aux agents des forces de l’ordre d’arrêter de nous brutaliser, de tuer les enfants. Les gens ne font rien de mal. Aujourd’hui j’ai même honte. J’ai honte d’ouvrir les yeux devant ma belle-famille, devant ma famille à cause de cette humiliation. Mais je remercie le bon Dieu du fait qu’il m’a sauvé. S’il y a une possibilité de traduire ces gens devant la justice je suis prête ».
Face au tollé, le mystère de la sécurité a présenté des excuses à la dame et sa famille. Il qualifie ces actes « d’inadmissibles » et promettent l’ouverture d’une enquête pour retrouver les auteurs.
D’autres exactions à Wanindara
Outre le cas de dame Fatoumata Bah, les farces de l’ordre se sont livrées à d’autres exactions. Au quartier Kobaya-Kignifi, secteur 7, des éléments de la Brigade anti criminalité BAC 13 ont terrorisé les populations dans la soirée du mercredi. Un pick-up rempli d’agents armés de Kalachnikov ont investi les lieux, brutalisé des vieilles personnes, casser les biens, interpellé des paisibles citoyens. A cela s’ajoutent les tirs et les injures. Ils ont régné en maitres absolus des lieux pendant près d’une heure.
Yacine Diallo