Pour obtenir son Assemblée nationale jaune et sa nouvelle Constitution, Alpha Grimpeur n’a pas lésiné sur la force. Une répression féroce s’est abattue sur les opposants au référendum et à l’éventuel 3e mandat, à partir du 14 octobre 2019. Des dizaines d’opposants sont assassinés, des centaines sont blessés et/ou emprisonnés. Certains croupissent encore dans les geôles de l’Alphagouvernance. Malgré les sélections du 22 mars, le FNDC ne compte pas baisser les bras. Le 29 avril, il a pris tout le monde de court, en annonçant une plainte contre le pouvoir de Cona-crime près la Cour pénarde internationale, CPI. Le Front espère faire payer au Grimpeur de chef d’Etat et à son clan les nombreuses bavures enregistrées pendant la lutte contre le tripatouillage de la Constitution.
Même si à Cona-crime les dignitaires du régime tentent de minimiser en parlant de comédie, Me William Bourdon, un des avocats (sans vinaigrette) du FNDC affiche l’optimisme: « Aujourd’hui, moi j’ai confiance, même si le processus ne sera pas une affaire rapide, j’ai confiance dans le fait que le bureau du procureur examinera avec beaucoup d’attention le mérite de ce signalement qui est fondé sur l’exigence de la fin de l’impunité ».
Les crimes contre l’humanité sont définis à l’article 7 du statut de la CPI. Il s’agit des attaques généralisées, systématiques contre des personnes en application de quelque chose sous forme d’un clan structuré, organisé qui n’est pas le fruit du hasard ou d’une succession de bavures. Pour recevoir la qualification de crime contre l’humanité, ces attaques qui peuvent être des meurtres, tortures, emprisonnements arbitraires, doivent intervenir à l’égard des personnes en fonction de leur orientation politique ou de leur origine ethnique. Me Bourdon ne doute pas que la situation guinéenne entre dans ce cadre. Il bourdonne : « Personne n’a plus de doutes, ni en Guinée ni en Afrique, sur le fait que l’accumulation, ces dernières années, d’assassinats dans les rues de Conakry, des détentions arbitraires, des perquisitions illégales, d’interdiction de libertés de manifester, la persécution généralisée, systématique que sont victimes des citoyens guinéens en raison de leur choix politique. Ces persécutions peuvent aussi s’expliquer par l’origine ethnique des citoyens ».
Seulement voilà ! La CPI n’intervient généralement dans un dossier que quand elle constate la volonté manifeste d’un État de faire main basse sur des exactions graves qui pourraient être qualifiées de crimes contre l’humanité. Pour Me William Bourdon, il est temps que le principe de subsidiarité s’applique dans le cas guinéen : « Il y a eu un précédent en Guinée, la massacre du 28 septembre 2009. La CPI a semblé écouter les arguments des autorités guinéennes quant à leur capacité de tenir un procès à Conakry. Le scepticisme n’a cessé de gagner du terrain, le doute s’est installé sur la sincérité du pouvoir. C’est une décision du bureau du procureur, mais j’ai la conviction que des personnes responsables à La Haye tireront les leçons du déni de responsabilité, du refus, de l’incapacité des autorités judiciaires guinéennes de poursuivre, de façon normale, les auteurs. Personne ne peut créditer le pouvoir de Monsieur Alpha Condé d’une volonté de lutter contre l’impunité. Au contraire, tout le monde est convaincu d’une volonté systématique du déni de la réalité du crime, de la responsabilité des agents publics qui se sont livrés, au solde du pouvoir, à de très graves persécutions ». Ça commence !

Yacine Diallo