Mardi 23 juin, le premier ministre, Cas-Sorry Fofana, a présenté la deuxième phase de son plan de riposte contre le coronavirus et a fait le bilan des mesures prises pour lutter contre la pandémie. Parmi les mesures annoncées, la reprise des cours pour les apprenants en classes d’examen. Si cette mesure est vivement saluée par certains, il y a des choses à redire.
Les élèves en classe d’examen reprennent le chemin des classes ce lundi 29 juin 2020. L’annonce a été d’abord faite par le premier ministre Don Kass, puis par un arrêté conjoint des trois ministères en charge de l’éducation. Nombre d’observateurs doutent de la pertinence de cette décision. L’année scolaire 2020 a été marquée par de nombreuses perturbations. Avant le coronavirus, le secteur traversait déjà une crise profonde. Entre autres causes de cette situation, nous pouvons citer les problèmes de rémunération, de formation, de recrutement, d’équipement, et de manière générale de considération des enseignants. Ces revendications, portées par Abou Soumah le « rebelle » du SLECG, ont conduit à une grève qui a paralysé les écoles du pays du 09 janvier au 09 avril, avec plus ou moins de succès. La COVID 19 prendra le relais pour parachever le désœuvrement de nos petits intellos. Demander aux élèves de retourner en classe fin juin, pour rattraper six mois de cours, composer et effectuer une rentrée en septembre devrait figurer parmi les douze travaux d’Hercule.
Le car-brûlant de toutes les colères
Cette fois encore, le gouvernement a décidé de maintenir les prix des hydrocarbures à la pompe, malgré la baisse du cours du pétrole brut sur le marché mondial, tout en limitant le nombre de personnes dans les transports en commun. Les transporteurs, majoritairement du secteur privé ou informel, ne risquent pas de baisser leurs tarifs, qui avaient explosé pour combler le manque à gagner. La gratuité des moyens de transport publics, peu nombreux, n’a pas suffi à amoindrir ce choc. Conséquence, les étudiants et élèves en classe d’examen reprendront les cours en payant deux à trois fois le transport habituel. Certains ont déjà vu leurs frais de déplacement passer de 9000 à 30 000 GNF ! Face à cette prise d’otage, en cette situation de crise économique, il faut craindre que les chances de réussite aux examens de nos candidats soient proportionnelles à la taille de leur portefeuille.
Un appui de l’Etat serait le bienvenu. Un sac de riz, tout comme les plus cancres des élèves et des enseignants, ne tient pas debout vide.
Mohamed Diallo