Pour une deuxième fois, le contingent guinéen de la MINUSMA est victime d’attaques terroristes à Kidal. Le bilan est lourd. On compte désormais neuf casques bleus guinéens tués. Les deux de novembre 2015 et les sept de ce 12 février. La deuxième attaque a été aussi cruelle que destructrice. Toute la logistique (armes, vivres, équipements sanitaires…) du Bataillon Gangan est partie en fumée à l’explosion du véhicule kamikaze. Au retour des dépouilles mortelles, le Grimpeur aura été clair avec les convoyeurs. Il est impératif de renforcer le dispositif sécuritaire des sites occupés par la Mission, y compris à travers l’aménagement des camps qui abritent les troupes. “Les initiatives visant à la mise en place de radars de détection de tirs, ou encore de ballons de surveillance sont à encourager en vue de permettre aux troupes d’améliorer leurs capacités de renseignements et se prémunir contre les attaques imprévues, à défaut de pouvoir riposter. ” A martelé le commandant en chef des forces armées guinéennes, qui estime que l’efficacité des troupes déployées à Kidal est tributaire de leur capacité à faire face aux menaces que font peser l’emploi des mines et de dispositifs explosifs. Le Grimpeur désire l’amélioration de la coopération avec les services anti-mines des Nations Unies (UNMAS) pour que les troupes soient rapidement dotées du matériel adéquat, notamment les véhicules blindés anti-mines. C’est pour cela qu’il compte entreprendre des démarches pour parvenir à un plan de rotation actif du contingent guinéen déployé à Kidal, conformément aux procédures des Nations Unies de la MINUSMA. A noter qu’en ce moment même, d’autres bidasses et pandores sont en préparation au camp d’entraînement de bataillon spécial des commandos en attente de Kindia pour pendre le relais des troupes déployées au Mali qui vont rentrer bientôt à la maison. Après cette tragédie, ces militaires en formation devraient avoir le moral en berne.

Le commandement de la MINUSMA de son côté se dit préoccupé du bien être “des soldats de la paix.” Le Général Michael Lollesgaarde, Commandant de la force onusienne, s’est fait le porte-parole de l’indignation des casques bleus “ Pourquoi ? Qui ? Ce sont les questions que nous nous posons. Je ne sais pas, mais je suis déterminé à savoir. J’imagine que nous sommes tous déterminés à savoir.” Au lendemain de l’attaque, une délégation onusienne a rendu visite aux cinq soldats blessés, soignés à la clinique Pasteur de Bamako et ensuite a continué sur Kidal pour apporter leur soutien au contingent guinéen éprouvé, remonter le moral des troupes et élaborer un plan pour reconstruire le camp de Kidal. Des tentes et des sacs de couchage ont été amenés à Kidal pour les soldats qui ont tout perdu dans l’attaque. Même qu’une collecte s’organise au siège à Bamako en faveur des soldats. Le Général Lollesgaarde, s’est dit touché par le dévouement des troupes guinéennes malgré les lourdes pertes humaines. “Ces hommes méritent notre plus profond respect. Le dévouement des soldats guinéens est exemplaire, dans l’esprit des valeurs de l’Organisation des Nations Unies.” Par ailleurs, il avoue comprendre les sentiments de tristesse et de colère qui habitent les soldats de la MINUSMA à la suite de l’attaque. “ Mais l’Accord de Paix est l’arme qui permet de distinguer nos amis de nos ennemis, c’est pourquoi sa mise en œuvre est aujourd’hui plus cruciale que jamais,” a-t-il déclaré le 17 février lors du cérémonial d’hommages organisé à Bamako.

L’Hôpital Principal de Dakar a un partenariat avec l’ONU, permettant aux blessés de la MINUSMA d’y séjourner pour recevoir un traitement pour des blessures complexes requérant des soins spécifiques. “Même si nous faisons tout pour éviter que des soldats ne soient blessés, il reste extrêmement important de s’assurer que nous avons de bonnes installations de traitement en cas de nécessité. Nous devons prendre soin de nos soldats blessés afin qu’ils puissent retourner dans leur famille après le traitement ”, disait le Général Michael Lollesgaard lors de sa visite aux soldats blessés originaires du Bangladesh, de la Guinée, du Tchad et du Mali qui se sacrifient pour le maintien de la paix au Mali.

A Cona-cris, les langues se délient sur les conditions de participation des bidasses guinéens à cette mission de maintien de la paix. Notamment sur la position d’avant poste qu’ils occupent sur le front de Kidal infesté de djihadistes et complices. Alors que se tenaient les obsèques des sept casques bleus guinéens ce 19 février, deux autres soldats maliens ont fait les frais de la barbarie dont font preuve ces groupes djihadistes. Cette énième attaque pendant que Manuel Valls le PM français et son ministre de la Défense, Le Drian, séjournent au Mali pour rencontrer les soldats français engagés dans la lutte contre le terrorisme. Le Mali souhaite retrouver son intégrité territoriale en ramenant la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire. Mais ce rêve longtemps nourri semble bien loin de se réaliser.

Asmaou Barry