Il semble que «le Sénégal utilise plus de 5 millions de sachets en plastic par jour…» Environnement, on s’en fout! Soit 250 camions de déchets rallient le coin par jour et ce sont de véritables mines d’or. Une activité rentable surtout pour les 100 gamins récupérateurs qui se bousculent à l’arrivée de chaque camion.

Abdoulaye Fall, 12 ans, récupérateur de renommée parmi ses copains d’âge. Il est ancien «talibé» et a fui l’atrocité de son maître coranique où il était obligé d’aller mendier tous les jours à travers la ville. « Lorsque j’étais chez mon maître coranique, je passais tout le temps à mendier. Il n’y avait jamais assez de nourriture pour les 15 élèves que nous étions. On quémandait plus qu’on apprenait le Coran. Un jour, j’ai rencontré un de mes amis de même village, il m’a expliqué sa situation et j’ai trouvé cela intéressant. Quelques jours après, j’ai fui le domicile du maître pour venir ici.» Voilà que cette activité fait gagner à Fall jusqu’à 5 000 F CFA par jour. Parce que, ajoute t-il, le gain dépend de la rapidité et le courage que l’on met pour s’enfoncer dans le camion à déchets. C’est une véritable bagarre parmi les grands. Parlant des conséquences sanitaires, «le gamin se porte bien». « Depuis que je suis ici, je ne suis pas tombé malade, cela veut dire que je me porte bien…» Pourvu que cela dure ! Selon un acteur de la protection des droits de l’enfant qui a requis l’anonymat, plus de 8 000 enfants sont dans les rues de Dakar. Ils sont sans protection, sans logement et sans assistance. « Il est clair que si rien n’est fait, cela risque de conduire à une implosion sociale… » Pourtant, ce bled est l’un des premiers signataires de la Convention relative aux droits de l’enfant. Droit de… qui?

Mariam Djédjuss Barry

envoyée spaciale