Pour 2016, la situation ne s’est guère améliorée. L’on fait recours aux urnes au moins cinq fois pour maintenir la flamme du vote et perpétuer l’habitude du vol. Les Ougandais s’y sont exercés le 18 février. Les Nigériens, le 21. Les Béninois le feront le 28. Brazzaville attend son tour le 20 mars, le jour même où le Sénégal entrera dans le Macky pour adopter une nouvelle constitution censée raccourcir les délais des consultations populistes. Selon une acrobatie constitutionnaliste quelque peu Sall, mais chère au président actuel. Malgré des signes de fatigue perceptibles sur le visage de certaines ONGs de Dakar et de Navarre, personne au Sénégal n’en a encore marre au poing de voter «NON» le 20 mars prochain. Le «NON» du 28 septembre 1958 en Guinée et la punition qui s’en est suivie doivent encore retentir dans toutes les têtes sénégalaides. On n’est certainement pas prêt de recommencer, ne serait-ce qu’au nom du sacro-saint principe de bon voisinage. Aussi, même Toto peut le jurer, sur neuf consultations électorales africaines, aucun président sortant n’est sorti. Seul un malchanceux, mal nommé, un certain Goodluck, aura été battu au Nigeria. Pour éviter que Buhari ne s’ennuie outre mesure parmi cette nomenklatura de vieux présidents, il faut lui adjoindre le Burkinbête et le Béninios. Nouvellement arrivés. Par la force des choses.

Pour les autres, il convient de breveter la méthode. Et probablement, féliciter la Guinée pour la contribution inestimable qu’elle a dû apporter à la tricherie électorale en vigueur sur le continent. Si vous voulez perpétuer le coup-chaos, vous n’avez d’autre choix que «d’hériter d’un pays, non d’un Etat.» Que vous devez laisser forcément en jachère. Tout ou presque devient facile dès lors que vous maîtrisez la fabrique de vos institutions républicaines. Au Niger ou au Burundi, à Dar-es-Salam ou à Banjul, vous devez nommer, à l’unanimité moins l’opposition, monsieur Bakary Fofana à la CENI, Kéléfa Sall à la Cour Constitutionnelle, Kory Kondiano à l’Assemblée nationale, Mohamed Diarrhée à la Cour des Contes, Martine Condé à la HAC, Rabiatou Sérah Diallo au Conseil Comique et Social. Ne vous torturez même pas les méninges ! Si ce ne sont eux, ce sont leurs frères, leurs chiens ou leurs bergers. Sûr que l’Afrique est vaste, mais vous leur trouverez des homologues sous tous les cieux. L’essentiel est d’ouvrir simultanément l’œil, le portefeuille et la prison. Tout ce que l’on exige de vous, c’est de prendre le contre-pied de tous les principes sacrés que vous défendiez de l’autre côté de la barrière. Ne permettez à personne, surtout pas sur le perron d’Africa Hall, à Adis Ababa, d’insinuer que vous ne savez même pas voler une élection parce que vous prenez des gants. La pérennité du pouvoir en dépend. Vous le savez bien.

Par Diallo Souleymane