Le 2 septembre, Alpha Condé, président guinéen et président en exercice de l’Union africaine, a publié un communiqué, certes au nom de l’UA, pour « prendre acte de la décision de la Cour Suprême du Kenya d’invalider le scrutin du mardi 8 août 2017, et d’appeler à d’autres élections générales qui devront se tenir sous 60 jours. » De l’avis de plusieurs observateurs, la décision de David Maraga, président de la Cour suprême du Kenya, intervenue le 1er septembre, invalidant les élections kenyanes, est un véritable coup de tonnerre, une première en Afrique, qui fera tâche d’huile sur le continent.
Dans leur communiqué, Alpha Condé et l’Union Africaine se félicitent que « l’appel à l’apaisement dès la veille des élections du 8 août ait été entendu et apprécient l’esprit de maturité et de responsabilité de tous les acteurs du processus qui ont préféré les voies légales à la violence. » Alpha Condé n’a pas navigué à contrecourant de la vague des commentaires et d’analyses qui ont suivi la décision historique de David Maraga. C’est cela aussi diriger une institution, quelle qu’en soit la
dimension, c’est être obligé de prendre des responsabilités, ou réagir à des décisions, même à contre cœur.
Pour Alpha Condé, David Maraga a adopté « un comportement qui honore l’Afrique et prouve que désormais, la démocratie s’installe sur le continent. » Heureusement, Nairobi est à des milliers de kilomètres de Conakry. Le président de la Cour suprême de Kenya ne s’est pas inspiré de son homologue guinéen, un certain Sylla Mamadou dit Syma, qui avait déclaré son incompétence à gérer le contentieux électoral, suite aux législatives de 2013. Même si Kéléfa Sall, président de la Cour constitutionnelle guinéenne, s’est attiré quelques ennuis après avoir invité Alpha Condé à se méfier des sirènes révisionnistes. Les Guinéens apprécieront en 2020. En attendant, seul Alpha Condé n’a pas dit ce qu’il veut jusqu’à maintenant. Mais les sirènes ont déjà commencé à retentir.
Grâce à des décisions courageuses comme celles de David Maraga, l’opinion saura bientôt qui de Barack Obama ou de Blaise Compaoré a raison quand le premier dit que «L’Afrique a besoin d’institutions fortes, non des hommes forts », alors que le second militait pour le contraire jusqu’au 31 octobre 2014, quand les Burkinabé ont décidé de
balayer le Palais de Kosyam, à Ouaga 2000.
Dans le même communiqué, le président guinéen soutient que «l’Union africaine qui suit avec un intérêt particulier le déroulement de la situation au Kenya appelle à nouveau le peuple kényan et les acteurs politiques à la retenue et au sens de la responsabilité dans l’organisation du prochain scrutin.» A ce niveau, il y a de quoi être inquiet. Quoique les Kenyans ne voudraient plus revivre l’expérience de 2007. Uhuru Kenyatta, dès l’ouverture de la campagne pour les futures élections générales prévues pour le 17 octobre prochain, a commencé à sermonner les responsables de l’institution judiciaire qui ont tiré un trait sur sa réélection. Pendant ce temps, les militants de l’opposition ont le vent en poupe. L’opposant, Raila Odinga, non plus, ne rate pas l’occasion pour s’en prendre aux responsables de la Commission
électorale qu’il qualifie «d’hyènes». Peut-être que c’est le propre des CENI. L’UA reste quand même optimiste quant à l’avenir. «L’Afrique sera ce que nous voudrions qu’elle soit et la preuve est aujourd’hui faite que les Africains peuvent se comprendre pour préserver l’essentiel : la paix et la quiétude des citoyens. » Amen!
Th Hassane Diallo
Communiqué de l’Union Africaine
L’Union Africaine prend acte de la décision de la Cour Suprême du Kenya d’invalider le scrutin du Mardi 8 août 2017, et d’appeler à d’autres élections générales qui devront se tenir sous 60 jours.
L’Union Africaine se félicite que son appel à l’apaisement dès la veille des élections du 8 août ait été entendu et apprécie l’esprit de maturité et de responsabilité de tous les acteurs du processus qui ont préféré les voies légales à la violence.
C’est un comportement qui honore l’Afrique et prouve que désormais la démocratie s’installe sur le continent.
L’Union Africaine qui suit avec un intérêt particulier le déroulement de la situation au Kenya appelle à nouveau le peuple kényan et les acteurs politiques, à la retenue et au sens de la responsabilité dans l’organisation du prochain scrutin.
L’Afrique sera ce que nous voudrions qu’elle soit et la preuve est aujourd’hui faite que les Africains peuvent se comprendre pour préserver l’essentiel : la paix et la quiétude des citoyens.
Pr. Alpha Condé, Président en exercice de l’Union Africaine