Le locataire de Sékhoutouréya leur a servi un cours truffé de coquetteries syntaxiques : «en-venons» au lieu de «venons-en». On me dira que c’est de l’oral, mais tout de même. Ce n’est pas pour rien que le niveau de l’enseignement a baissé en Guinée. Alpha Grimpeur a reconnu que le métier d’enseignant est un métier à la fois difficile et ingrat. Même qu’enseigner et soigner relèvent du sacerdoce. «Quand on veut s’enrichir, on ne devient pas médecin ou enseignant. L’enseignant comme le médecin a un rôle extrêmement important dans la vie de la société. C’est l’enseignant qui transmet le savoir qui permet à un peuple de maintenir son destin. Et c’est le médecin qui permet à ces peuples d’être en bonne santé. Nous sommes des enseignants, nous avons une grande responsabilité. La première de nos responsabilités, c’est d’éduquer des enfants mais aussi en leur disant la vérité et l’histoire de leur pays et de l’Afrique. Ce qui n’est pas souvent le cas parce que très souvent les gens sont amnésiques». On ne peut être moins original.

Un discours décalé !

Après sept ans de gestion, le Prési Grimpeur estime que le temps de la vérité a sonné. Il a fait bailler les gens-saignants élèves d’un jour avec son discours de 40 minutes complètement décalé. Sautant du coqà-l’âne. « Je vais faire d’abord un petit retour en arrière car vous êtes des enseignants, c’est vous qui devez maîtriser l’évolution de ce pays et expliquer aux enfants. Ça, c’est votre premier devoir mais vous ne le faites pas. En 2010, quand je suis devenu président, avant de prêter serment, j’ai fait venir le Fonds monétaire international. Kassory Fofana est témoin. J’ai dit de me faire le point de la situation. Je vous assure que quand ils m’ont fait le point de la situation de la Guinée et que j’ai vu dans quelle situation était ce pays, j’ai regretté d’être président ». Tu aurais dû renoncer, non ? Mais l’on n’abandonne pas aussi facilement une victoire obtenue dans les conditions rocambolesque comme celle de 2010.

Fory Coco, dédouané !

Le Prési Alpha Grimpeur a clamé que Fory Coco n’a aucune responsabilité dans le retard de la Guinée. Peut-être que c’est vrai. Il a pris la Guinée «là où Sékou Touré l’a laissé» en 1984. Par où est donc passé le temps de Fory Coco? Les responsables de ce retard sont ceux qui ont été ministres et Premiers ministres pendant cette période. On peut citer les PM: le Colonel Diarra Traoré, le Sid de l’Ufr, la Petite Cellule Dalein de l’Ufdg, Fall le FauxFuyant, le Kou-raté du Pedn, Souaré Bal-Poussière, le Kabinet Komarant du CNDD. Puis, les anciens ministres et encore actuels ministres : Kirdi Kirdi Bangoura, Le Cas-Sory Fofana, Fodé Bangoura alias «Petit Président», Alpha Ibrahima Keira. La liste n’est pas exhaustive. «Les ministres et les Premiers ministres qui vendent les maisons de l’Etat, on a vu ça nulle part sauf en Guinée. Tout ça, on va demander au peuple de Guinée. J’en ai marre que les gens parlent alors qu’ils ont été dirigeants dans ce pays-là et on a vu ce qu’ils ont fait. Alors, il faut que la jeunesse sache la vérité sur qui est qui. Mais on s’est tu pendant longtemps pour s’occuper du développement du pays. Il est temps de parler pour montrer qui est qui. Parce qu’on dit : «Quand tu danses avec un aveugle, de temps en temps, il faut lui monter sur le pied pour dire qu’il n’est pas le seul». Le moment est venu de communiquer au peuple et dire qu’estce qu’ils ont fait. Ils ont été au gouvernement. Le président Conté disait : «Moi, je ne connais pas, si c’est bon, faites pour le pays. Moi, je dis que le président Lansana Conté n’a aucune responsabilité dans le retard de la Guinée». Toc ! Quel régime militaire a donc mis le pays à genoux ?

Les états généraux de l’éducation

La solution aux maux de l’éducation, ce sont les états généraux de l’éducation. « On va faire les états généraux de l’éducation comme on l’a fait dans le secteur de l’Armée. On va le faire avec tout le monde, les enseignants, les parents d’élèves et les représentants des étudiants pour que la Guinée ait une éducation nationale réellement qui marche. Comment voulez-vous former des jeunes dans ces conditions-là ? La Guinée est le seul pays où on pouvait avoir le baccalauréat avec 7 de moyenne ! Moi, je suis enseignant, on ne peut avoir le BAC avec 7 de moyenne nulle part. Donc, les écoles privées donnaient 15 ou 16 de moyenne annuelle aux candidats. Quand tu gagnes 7 de moyenne au BAC, directement tu es admis. On n’a pas formé ces jeunes ; mais, on leur a donné des BAC pour peupler les universités privées». Et de poursuivre: «Si vous voulez améliorer les conditions de vie des enseignants, il faut mettre fin à tous les systèmes de magouilles. Les enseignants ont un devoir, ils doivent enseigner et faire de la recherche. Combien d’enseignants vont enseigner dans les écoles privées alors que c’est interdit ? Combien ? En votre âme et conscience». Il se vante d’avoir rehaussé le budget alloué à l’éducation qui est passé de 5 à 15 %. «Nous allons reprendre ce système. Je ne peux pas être enseignant et ne pas faire en sorte que l’éducation en Guinée soit la meilleure en Afrique. C’est pourquoi les états généraux de l’enseignement doivent se tenir afin d’améliorer les conditions de vie de l’enseignant et mettre fin à tout système de magouille dans nos écoles et universités», a conclu le Prési Alpha Grimpeur.

Abdoulaye S. Camara