Présents au tribunal de première instance de Dixinn ce mardi 16 janvier, Fatou Badiar, Commandant Alpha Oumar Boffa « AOB » et Jean Guilavogui, accusés d’association de malfaiteurs, tentative d’assassinat, destruction d’édifice et mobiliers privés, détention et consommation de chanvre indien, attentat à la sûreté de l’État, détention d’armes de guerre, n’ont pas été entendus. A l’entame, Maitre Maurice Lamé Kamano, avocat de la partie civile a sollicité un « sursis à statuer ». Dans une requête adressée à la Basse Cour Suprême, la partie civile avait demandé une interprétation de l’arrêt de cassation qu’elle avait rendu le 27 mars 2017. Selon Me Kamano, cette demande permettra « une bonne administration de la justice ».
La demande a irrité les avocats de la défense. Se succédant à la barre, ils ont tenté de démontrer le non fondé de cette requête. « La rectification ou l’interprétation n’est possible qu’à travers une erreur matérielle ou omission ». Pour eux, cette démarche vise simplement à maintenir leurs clients en détention, or «l’article 75 de la loi organique sur la composition, l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême fait mention de la différence entre rectification matérielle et interprétation ». C’est pourquoi, ils demandent au tribunal de déclarer irrecevable la requête de la partie civile et la reprise des débats. A défaut, accorder une liberté provisoire aux accusés en attendant que la Basse Cour Suprême statue. Ils ont profité de l’occasion pour présenter un rapport médical de Fatou Badiar qui demande son évacuation dans un centre hospitalier.
Sidy Souleymane N’Diaye, procureur de la république près le Tribunal de Première Instance de Dixinn, a dans son réquisitoire estimé que la liberté provisoire des prévenus pourrait nuire à l’ordre public. Il soutient qu’une infirmerie se trouve à la maison centrale, qui pourrait bien soigner Fatou Badiar. Il demande ainsi de «retenir la gravité des faits qui leur ont été reprochés et de les maintenir en détention ».
Après une heure de délibération, Mangadouba Sow, le président du tribunal réapparait dans la salle d’audience pour prononcer un« sursis à statuer ». Au sortir de cette audience, Maitre Salifou Béavogui déclare : « Nous prenons acte de la décision du tribunal criminel qui vient de rejeter notre énième demande de remise en liberté provisoire, ainsi que notre demande de rejet de la demande de sursis à statuer qui a été formulée par la partie civile. Nous pensons que c’est une décision qui n’est pas conforme à la loi ». Cet avocat a tout de même promis qu’ils continueront à se battre jusqu’à obtenir la libération de leurs clients.
Pour l’instant, aucun délai n’est indiqué pour statuer sur la requête de la partie civile. En attendant que la Basse Cour Suprême daigne se prononcer, Fatou Badiar, Commandant Alpha Oumar Boffa Diallo et Jean Guilavogui resteront en prison.