Très tôt le matin, un important dispositif sécuritaire a été déployé aux entrées de Kaloum. Les véhicules personnels et autres taxis ont été minutieusement fouillés. Même les motards ont été empêchés d’entrer à Kaloum pendant plusieurs heures. Deux pick-up de la gendarmerie et un camion de la police étaient postés devant le pont. Devant le lounge MLS, deux pick-ups également de la police, deux de la gendarmerie et deux autres camions de la police étaient également garés. Devant le Centre Culturel Franco Guinéen (CCFG), un seul pick-up de la police était devant la cour. A Téménétaye, devant le siège de la Fédération Guinéenne de Football, trois pick-up et un camion de la police s’y trouvaient. Deux citernes d’eau chaude, une postée non loin du ministère de la Justice et l’autre devant l’ambassade de France attendaient de refroidir les ardeurs d’éventuelles grognardes. Un peu plus haut deux pick-up de la police et une citerne d’eau chaude était également postée devant le lycée 2 octobre. Cet imposant comité d’accueil était déployé avant sept heures, à l’attention des nounous. L’impact de la dernière marches des femmes à Conakry est visiblement profond.

Empêchées de rallier la ville, ces nounous se sont retrouvées à l’ancien directoire de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée) sis à Dixinn. Dame Maimouna Bah Diallo, vice-présidente du comité des femmes de l’opposition respire-lacrymogène, a commencé son laïus par reconnaitre qu’elles n’ont pas respecté le délai requis dans la lettre d’information, cependant elle estime qu’il y a deux poids, deux mesures. « Quand il s’agit de l’opposition, l’État exige le respect de la loi, mais s’il s’agit du pouvoir en place, ils font ce qu’ils veulent. Et pourtant, si nous sommes dans la rue aujourd’hui, c’est parce la loi n’a pas été respectée. On tue dans un seul camp tous les jours, jamais une enquête n’est ouverte. C’est comme si la Guinée n’a pas d’autorité, ni de loi ». Avant d’ajouter qu’un groupe de femmes balayeuses a manifesté à Kaloum la veille. « Quelle autorisation ont-elles eue pour sortir ?» s’interroge dame Maimouna Bah Diallo. Pour elle, le rôle primordial du ministre de la justice est de venir en aide à ces femmes afin d’arrêter les tueries et faire la lumière sur les cas des autres victimes. « Quand il s’agit d’enfreindre à la loi, ils sont les premiers. Malheureusement, c’est à un seul côté que l’on demande le respect de la loi » déplore-t-elle.

Ces nounous ne comptent pas reculer, parce que selon elles, cette bataille n’est pas celle de leur bien mais plutôt celui du peuple. Elles comptent adresser un courrier au gouverneur de la ville dans le respect des règles, pour une manifestation de rue dans les prochains jours.