Le voyage est une passion, qu’il soit long ou court. Demandez au Prési Alpha Grimpeur et Magelan qui a fait le “tour” du monde. Alors j’ai fait, moi aussi, Conakry-Boké et Boké Cona-cris, en 48 heures. Des nombreux hangars-routières, j’ai choisi Bambéto pour la proximité. Le billet, 60 mille francs glissants. C’est Ok. Je prends place au siège avant “coté escroc”, comme on dit. Sur mes reins, un jeunot coiffé d’une casquette noire à la con. Départ à 9h au moment où radio Espace ouvre ses grandes gueules. Quelques minutes après, nous voilà à Kagbelen. Peu avant le carrefour, notre chauffard prend un raccourci à gauche sur une ruelle escarpée pour éviter l’embouteillage du grand carrefour. Des bidasses se pointent et demande de s’arrêter. Le chauffard engage illico la marche arrière, et s’engage une course-poursuite. Pendant ce temps, mon voisin défonce ses tympans au son de Thierno Mamadou, sa casquette désormais posée sur le tableau de bord. Qui est fou ? Le bidasse nous rattrape et ouvre la portière, la casquette tombe et il la ramasse, pignawww ! Le jeunot n’a pas bronché, comme s’il voulait s’en débarrasser. (Si hawkoudho woullali, hodjoudho djalata). Ce sera son prix de l’eau. Pour nous, bon débarras !
Le chauffard finit par trouver une autre issue plus loin et nous y mène. Direction Dubréka. Sur la route, un nuage de poussière empêche de voir plus loin. Obligation de faire le caméléon. A peine sorti de cette nuage, on tombe pile sur un taxi qui traine une bouteille incassable, tel un enfant et son jouet. Certains ont rit, d’autres ont éprouvé de la pitié pour la pauvre, même qu’elle ne soit pas un être vivant. Et grâce à Dieu, elle a honoré son nom d’incassable, du moins pendant les dizaines de minutes que nous l’avions à l’œil. On finira par dépasser son tortionnaire à la Usain Bolt. Sans plaider sa cause ! Ahh néné !
Le chauffard file, file, file. J’hallucine vu la qualité de la chaussée. Rien à voir avec notre nationale dite numéro 1 qui, à l’arrivée, te donne l’impression d’avoir fait tout le parcours à pied. Du fait de ses interminables nids de poules et d’éléphants. Sur la route de Boké, c’est comme sur des roulettes. Notre folle course s’arrête net à Tanéné, au nez des 4 ponts de fer. Ahh néné ! Là, une bande de soudeur, pas du tout pressés, soudent et posent des barres de fer pour remplacer celles usées que les poids-lourds se feront le plaisir de défoncer encore. Chaque année, l’Etat y engloutit des milliards pour les mêmes raisons. Des deux côtés des rives, une queue s’étend sur des kilomètres. Arrivés à 10h, nous ne passerons qu’à midi. Deux heures de pause sous un soleil d’avril. Ça fait suer. Les ouvriers lèvent le barrage à midi pour 30 min, dit-on. Puis à 14h, 16h et 18h. Allez savoir si le timing est respecté, nous, on était déjà parti. La nuit, c’est libre, le matin également avant 8h (début des travaux). Entre le premier et le second pont direction Boké, un check-poche, non, un check-point. Mais les tenants du machin sont plutôt malheureux. Ils ne peuvent pas arrêter les véhicules déjà trop retardés, au risque de se faire gronder, voire agresser. Alors ils laissent passer les gens, la mort dans l’âme. Les malheureux passants aux heures de pause compenseront le gap. Certainement !
Pour le retour sur Cona-cris, c’est une toute autre affaire. Panne, rackets, disputes, SOS en urgence. C’est dans la seconde partie !