C’est la confusion au port autonome de Cona-cris. Depuis quelques jours les travailleurs protestent contre la décision du régime d’Alpha Grimpeur de céder ce patrimoine à la société turque Al Bayrak, pour un bail qui s’étendrait à au moins 25 années. Ce contrat concernerait la réhabilitation, l’extension, la gestion, l’exploitation et l’entretien du port. Pendant 10 ans les turcs seraient également exemptés des taxes, de l’impôt et seront épargnés des frais douaniers. Mais ces deux derniers jours, la situation s’est détériorée, au point que les activités ont été perturbées hier lundi par le débrayage d’une partie de ces travailleurs. Ils avaient prévu une manif ce mardi, 14 août devant le port, mais ont vite été dissuadés par l’impressionnant dispositif sécuritaire déployé par les flics. Ils se sont finalement retrouvés à la bourde du travail pour bavarder avec les collègues de l’inter-centrale CNTG-USTG sur les stratégies à mettre en place afin d’éviter aux travailleurs du port un éventuel licenciement abusif, voire une résiliation de ce contrat. Sur place Mamadou Mansaré n’a pas mâché ses maux : « S’ils veulent qu’ils mettent 1000 bataillons de gendarmes, votre lieu de travail c’est ici (bourse du travail). S’ils doivent nous arrêter c’est ici et je crois que ce n’est pas le vide qui va faire rentrer les navires. Je suis sûr de notre victoire parce que c’est un combat pour la survie. Nous ne sommes contre personne, nous nous battons pour nos droits. Ce contrat n’est pas à l’avantage de la Guinée et des Guinéens ».

Aucune négociation en perspective

Par solidarité aux travailleurs du port qui, selon Mamadou Madou Mansaré se trouvent menacés dans leurs emplois, l’inter centrale CNTG-USTG a fermé la porte à toute négociation avec le goubernement. Comme à l’époque des 8000 fg. Ils étaient censés se retrouver aujourd’hui au mystère de la Ponction publique pour discuter des mesures d’accompagnement suite à l’augmentation du prix du car-brûlant. Mais ils exigent désormais la résiliation de ce contrat avec Al Bayrak : « Ce combat est notre combat à tous, mais il n y a pas de généraux dans une bataille sans des soldats. Nous avons refusé d’aller à la table des négociations ce matin. Parce que nous sommes solidaires avec les camarades du port autonome. Les consignes que nous avons reçu des unions locales, régionales et des autres centrales est la suspension pure et simple de toute négociation avec le gouvernement tant que le contrat de vente du port n’est pas résilié ».

Alpha Grimpeur et Zagamor égratignés

Au tout début de cette affaire, Alpha Grimpeur a rencontré les syndicaleux du Port, mais le face-à-fâche s’est terminé en queue de poisson. Le chef de l’Etat estimerait qu’ils sont manipulés par les secrétaires généraux de l’inter centrale. Cheick Chérif Touré, secrétaire gênant de la délégation syndicale du Port accuse le prési Alpha Grimpeur d’avoir bradé le port : « Il nous a renvoyé vers le ministre des Transports. Aujourd’hui le port est complètement vendu, ce que les anciens présidents n’ont pas fait c’est le sortant de la Sorbonne et de tous les autres horizons qui le fait pour brader le pays. Nous demandons humblement à l’Assemblée de constater la vacance du pouvoir, aux députés de faire une motion de censure ». il a également eu des mots doux pour Zamgamor(ou vif) Sylla, ministre des Transports : «  Les signataires sont la directrice du port et monsieur le ministre, dont le cas n’est pas nouveau. Quand il fut secrétaire général du ministère de l’Industrie dans les années 1990, c’est sont eux qui ont bradé l’unité de privatisation, ils se sont livrés au libéralisme sauvage. Ce que son prédécesseur Oyé n’a pas fait, lui il le fait. Aboubacar Sylla signe le contrat sans le soumettre au conseil des ministres, à l’Assemblée nationale, il montre son incompétence. C’est un contrat qui est nul et de nul effet ». Eux aussi promettent de continuer leur crève jusqu’au rétablissement à leurs fonctions d’Aboubacar Dramé, directeur des ressources humaines et Ousmane Fadiga un autre responsable, suspendus suite à ce mouvement. Une marche dite de la colère serait prévue ce vendredi 17 août pour protester contre cette « vente » du port autonome.