Après deux années d’immobilisation, la société Al Barak a décidé de mettre en circulation les bus obtenus suite à la coopération guinéo-turque. Histoire de soulager le populo des embouteillages et autres joyeusetés de la circulation, après l’augmentation unilatérale du prix du car-brûlant à la pompe et par ricochet du prix du transport. Le 1eraoût, les premiers engins, âgés d’au moins d’une vingtaine d’années, se sont frottés aux routes (défoncées) de Cona-cris. Mais dès le lendemain, des critiques sontsorties de toutes parts. Du recrutement peu orthodoxe des travailleurs au prix (cher) du tronçon, en passant par l’absence des bus sur Leprince et la corniche nord, les gens n’ont pas mâché leurs mots.

Dès la mise en circulation de ces bus, un responsable syndical de l’ancienne SOTRAGUI a allumé la mèche. Il a accusé des cadres (en bois) du mystère des Transports d’avoir écarté les anciens travailleurs au profit des leurs. Ce 3 août, Amara Diawara, co-directeur gênant de la société Al Barak a réfuté ces allégations : « L’entreprise a été fermée, tout le monde a été réglé. Les travailleurs ne sont plus liés à la SOTRAGUI. Les turcs auxquels on a confié la gestion de l’entreprise ont leurs critères de sélection. Tout le monde dépose des dossiers, y compris les anciens travailleurs. Nous donnons la chance à tout le monde. Mais il n’est pas dit que c’est les anciens travailleurs seulement qui vont en profiter. Dans le protocole qui nous lie aux turcs, il est dit qu’aucun cadre du ministère ne doit se mêler du recrutement. On ne peut pas continuer à faire du favoritisme ».

Comme aux temps de l’ancienne SOTRAGUI, les usagers de la route Leprince ne profiteront pas de ces bus, du moins pour le moment. Si des mauvaises langues murmurent que la société Al Barak se méfierait de la zone à cause de ses troubles à répétition, le co-directeur gênant trouve une autre explication : « On est dans la phase expérimentale, on ne peut pas explorer tout Conakry en même temps. On va faire les travaux préliminaires, rénover les abribus, implanter les panneaux d’arrêt pour que les citoyens sachent où attendre les bus ».

Avec ces bus, le prix d’un tronçon est le même qu’avec un minibus. Mille francs glissants (800 gnf normalement). Pour justifier cet état de fait, Amara Diawara sort un argument surprenant : « On avait voulu facturer le tronçon à 1500, l’Etat dans sa gestion des affaires sociales a demandé à ce qu’on baisse le tarif. Mais nous avons plus de confort qu’un minibus, nous sommes sur l’artère principale, les clients gagnent en temps. Nous n’assimilons pas les passagers aux bagages ». Toujours est-il que les citoyens de Cona-cris et ses périphéries ne goûteront que peu à l’impact de la mise en route de ces nouveaux bus. Cela, malgré les mesures d’accompagnement tant annoncées par le goubernement.