Depuis le 19 novembre, l’Axe Hamdallaye-Bambéto-Kagbelen croule sous les Points d’appui (PA). Pour, dit-il, lutter contre l’insécurité et le grand banditisme, le régime du Grimpeur a fini par instaurer des patrouilles mixtes (police, gendarmerie et armée) dans la capitale Cona-cris. De Hamdallaye à Baïlobaya, plusieurs endroits sensibles de la route Leprince sont envahis par des teufs-teufs tout neuf, non immatriculés et remplis de flics. Au moins une trentaine de PA sont attendus sur l’Axe, selon le gouv de Cona-crime. L’implantation de ces points d’appui pour les uns, Postes Armés pour les autres, est diversement interprétée par les riverains. A Wanindara et à Sonfonia, bien des personnes estiment que leur présence ne se justifie que par la volonté des autorités de taire toute voix discordante. Raquettes, bavures, psychose et autre brutalités, les récriminations ne manquent pas. « L’armée est formée pour faire face à l’ennemi et non aux manifestants. Rien ne peut justifier la présence des bérets rouges dans ces patrouilles si ce n’est l’échec des forces de sécurité dans le maintien de l’ordre. Ce régime veut taire toutes les voix de contestation pour avoir le champ libre et tripatouiller la Constitution en 2020. Mais ça ne marchera pas. Cette militarisation de l’Axe montre qu’Alpha Condé et son clan n’ont de souci que pour leurs intérêts. Elle ne fera que nous galvaniser. Ils savent qu’on n’a pas peur de défendre la démocratie ».
Depuis le début des patrouilles, des violences n’ont pas été enregistrées dans ces deux contrées. Mais les arrestations se comptent par dizaines. Un tenancier de restaurant peste contre la méthode de travail des flics : « Nous ne sommes pas en sécurité avec ces gens là. Nous travaillons ici (t7) et dès 21h nous voyons ce qui s’y passe. C’est vrai que les bérets rouges sont souvent en retrait, mais ce qui préoccupent les policiers et les gendarmes c’est sont les poches et les sacs des usagers de la route. S’ils étaient sérieux ils auraient pu aller à l’intérieur des quartiers. À moins de 500 mètres de leur base il y a près de cinq temples (lieux où des jeunes se retrouvent pour consommer des stupéfiants, ndlr) de part et d’autres de la route ».
A Sonfonia, c’est pratiquement les mêmes reproches. Plusieurs citoyens se disent persuadés que ces patrouilles sont plutôt des forces anti-manifestations. Et la répression de la marche de l’opposition (hier jeudi) les conforte dans leur position. « Pour moi il n’y a aucune cohabitation possible entre ces gens et la population. Nous sommes les victimes dans tous les sens. Ces bandits bastonnent, blessent, pillent les concessions, tuent nos concitoyens. Après ils viennent nous parler de lutte contre l’insécurité et du grand banditisme. Cela n’a aucun fondement. Ils ne sont là que pour exaucer les vœux de leurs chefs. Ce sont eux même les bandits, ils constituent la source d’insécurité dans le quartier » explique un habitant du quartier Sonfonia.
En marge de la manifestation de l’opposition respire-lacrymogène, empêchée de se rassembler au point de ralliement à la T5, les militants se sont retrouvés clandestinement dans une école non loin de là pour attendre leurs leaders. Ils vont être surpris un peu plus tard par une horde de flics qui molestent les uns, arrêtent les autres, dont des vieilles personnes et pulvérisent les lieux de gaz lacrymogène. Vers la soirée, certaines personnes arrêtées ont été libérées moyennant une somme variant entre 300 000 et 600 000 francs glissants. Après sa libération, l’imam El hadj Abdoulaye Diallo pousse un gros coup de gueule : « Ici nous faisons tout pour éviter la confrontation. Nous avons pris la décision de nous éloigner du rond-point en attendant l’arrivée d’El hadj Cellou. Mais malgré tout ils nous ont arrêtés. La vérité est qu’ils ne sont pas là pour lutter contre le banditisme, mais pour arrêter des opposants. Ces gens là me déçoivent ! »
Malgré toutes ces plaintes, il y en a qui applaudissent les PA « Je dois avouer que j’ai été agréablement surpris par la mesure. C’est vrai que c’est prématuré de tirer des conclusions, mais si ça continue ainsi je dirai qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients. Voyez comment l’atmosphère est calme aujourd’hui. D’habitude quant on dit marche ou ville-morte personne n’ose pointer le bout de son nez par là. Mais aujourd’hui tout est tranquille » explique un conducteur de mototaxi.
A Sonfonia, un flic a lancé à un vieux qui négociait la libération de son enfant « C’est simple monsieur nous n’avons pas besoin de connaître vos humeurs pour travailler. Nous ne parlons pas, nous agissons ».