A l’issue de la plénière de ce jeudi 2 mai, une soixantaine de dépités (périmés) a examiné et adopté la loi portant sur la parité homme/femme. Cette proposition de loi a été portée à notre hémicycle rectangulaire par le réseau des femmes parlementaires, les activistes des droits de l’homme et les organisations de la société civile. Les objectifs, corriger la sous-représentation des femmes dans les institutions publiques, totalement ou partiellement électives. Permettre également aux nounous d’accéder aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans ces institutions. Pour Amadou Diallo, prési de la commission des lois, il était temps de rompre avec les anciennes pratiques : « Malgré le poids démographique les femmes demeurent sous-représentées dans les instances de prise de décision, alors qu’elles détiennent le droit de vote et d’éligibilité. L’égalité homme/femme n’est pas en réalité une faveur qu’il faut accorder aux femmes, mais plutôt une nécessité incontournable pour garantir le développement durable ».  

Dans cette loi, on retrouve 9 articles. L’article 1 détermine la règle de la parité, l’article 2 le champ d’application de la loi, les articles 3, 4, 5 définissent les mécanismes de mise en œuvre de la parité, l’article 6 prévoit les sanctions en cas d’inobservation de la loi et les voies de recours disponibles. L’article 7 encourage les partis politiques, les coalitions de partis politiques et les candidatures indépendantes à mettre en œuvre à leur niveau la règle de la parité, l’article 8 précise la nécessité d’intégrer le principe de la parité dans le code électoral. Et l’article 9 traite de la cohérence entre cette loi et les dispositions du code électoral.

Après l’adoption, la patronne du forum des femmes guinéennes s’est frotté les mains : « L’implication des femmes dans les instances de prises de décision est une option pour contribuer au développement humain et durable. Cette loi permettra aux femmes de Guinée d’accéder au même titre que les hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives ».

Mais cette loi n’a pas été adoptée à l’unanimité. Le dépité de la mouvance pestilentielle, Mamadou Nfa Condé a carrément mis les pieds dans le plat : « J’ai été poussé par ma conscience, je vois qu’elle va créer d’énormes difficultés à la base. C’est très difficile de faire la parité dans des localités comme Nabou ou Siguirini par exemple. Je l’ai expliqué à mon groupe parlementaire. Leur argument, c’est qu’il faut voter cette loi pour être bien vu sur le plan international. On nous dit qu’on est contre les femmes, mais nous connaissons la réalité sur le terrain. Nous ne sommes pas contre l’évolution du genre, nous souhaiterions juste qu’ils misent sur l’efficacité. Il y a des femmes qui ont plus de qualités que les hommes. La politique est une partie intégrante des faits sociaux ».

Yacine Diallo