L’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), institution spécialisée de la CEDEAO en charge des questions de santé, a fêté son 32è anniversaire, ce 9 juillet 2019, Ouagadougou. Créé en 1987 à Abuja, 15 chefs d’Etats de la CEDEAO ont voulu faire de l’intégration à travers la santé et s’étaient engagés à consacrer 15% du budget de chaque Etat à la santé. A sa création, rappelle Professeur Stanley Okolo Directeur général, le mandat de l’OOAS était d’assurer un niveau « plus élevé en matière de normes et de protection de la santé des populations par l’harmonisation des politiques des États membres, la mise en commun des ressources et la coopération entre eux et avec les autres pour une lutte collective et stratégique contre les problèmes sanitaires de la sous-région ».
À date, l’organisation se félicite d’un taux de vaccination élevé, de pays débarrassés de la polio et de réseaux régionaux de santé plus renforcés. Cependant, nous sommes toujours confrontés à des épidémies récurrentes telles que « la fièvre de Lassa, la fièvre jaune et la méningite. Beaucoup de nos femmes meurent encore lors de l’accouchement et trop d’enfants ne vivent pas au-delà de leur cinquième anniversaire. Les maladies évitables restent un fléau à tout âge. Le paludisme, éliminé dans plusieurs parties du monde, reste endémique dans notre région où il est responsable d’environ quatre décès sur cinq chez les enfants de moins de cinq ans. Au niveau mondial, 11 pays comptent plus de 80% des cas de paludisme. Il s’agit de l’Inde et de 10 pays africains, dont cinq en Afrique de l’Ouest. L’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires ainsi que les accidents vasculaires cérébraux sont aujourd’hui les principales causes de décès au sein de nos populations. Le problème des médicaments falsifiés se pose avec acuité, et constitue une question urgente et critique dans nombre de nos pays ». L’importation de près de 80 % des médicaments dont nous avons besoin, dit M. Okolo illustre la nécessité pour la CEDEAO d’en faire une priorité, une fourniture de médicaments de très bonne qualité et à un coût abordable, de préférence à travers une production au niveau régional.
Au cours de l’année écoulée, l’organisation a appuyé la formation de centaines d’épidémiologistes de terrain, mis à la disposition de certains pays, des laboratoires mobiles pour le dépistage rapide de maladies suspectes et entrepris l’installation ciblée de caméras thermiques aux frontières pour améliorer la détection des voyageurs souffrant de maladies fébriles dont l’état nécessiterait des examens, a rappelé le directeur. « Nous avons en outre initié plusieurs programmes pour améliorer la santé sexuelle et reproductive des femmes, en particulier en ce qui concerne les jeunes femmes, dans le cadre des efforts visant à améliorer le dividende démographique dans notre région. Des produits contraceptifs ont été mis à la disposition de plusieurs pays, nous avons également mis en place trois centres d’excellence pour la formation spécialisée des infirmières et sages-femmes dans la région du Sahel, et plus de 700 infirmières et sages-femmes ont été formées aux techniques modernes de contraception ».
En Guinée, la fête a été célébrée en différé ce mercredi 10 juillet. Le ministre de la Santé, Niankoye Lamah, a rappelé que les ministres de la santé de la CEDEAO sont convenus de cinq grandes thématiques : la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent ; la lutte contre les épidémies et les maladies non transmissibles (y compris l’élimination du paludisme) ; l’amélioration de l’accès à des médicaments et vaccins de très bonne qualité à un coût abordable ; la recherche continue de normes de plus en plus élevées de qualité en matière de soins de santé et la collecte régulière et la publication de statistiques sanitaires précises spécifiques à la région.
S’agissant de l’objectif d’atteindre 15% du budget alloué à la santé, le ministre Lamah souligne que la Guinée n’a pas atteint ce seuil, mais le budget a presque triplé depuis 2013, et se situe aujourd’hui à 8%. C’est l’un des taux les plus élevés en Afrique de l’ouest.
Oumar Tély Diallo