Des heurts agitent Conakry depuis ce lundi 14 octobre 2019. Les affrontements entre manifestants du FNDC et farces de l’ordre ont fait au moins huit morts au matin du troisième jour d’une mobilisation meurtrière contre un éventuel troisième mandat du président Alphé Condé, ont rapporté un correspondant de l’AFP, des témoins et des proches.
Des centaines de jeunes très mobiles ont érigé des barricades, brûlé des pneus et lancé des pierres sur les policiers et gendarmes à nouveau massivement déployés dans différents quartiers périphériques de la capitale et fiefs de l’opposition. Les forces de l’ordre ont riposté par des tirs de lacrymogènes.

Un jeune de 25 ans, Abdoulaye Timbo Sow, atteint par balle dans la matinée dans le quartier de Wanidara, a succombé à ses blessures à l’hôpital, a indiqué son père, Mamadou Aliou Sow. “Il a rendu l’âme sans attendre que sa maman ne le voie vivant une dernière fois”, a-t-il dit.
La quasi-totalité des décès ont été causés par balles, selon les médecins et les proches. Le gouvernement assure que les forces de sécurité ne font pas usage d’armes à feu et ont confirmé seulement la mort d’un habitant de Conakry et d’un gendarme.

La capitale et plusieurs villes de Guinée sont la proie depuis lundi de tensions qui alarment l’ONU, inquiète d’une escalade dans un pays pauvre malgré ses importantes ressources minières, à la stabilité incertaine, coutumier des protestations et des répressions extrêmement violentes.
Des dizaines de manifestants ont été blessés par balles en deux jours et des dizaines d’opposants arrêtés depuis samedi, à commencer par les responsables du collectif menant le mouvement, selon l’opposition, les médecins et les proches.
Aucune sortie de crise ne paraît en vue, d’autant moins si le président Condé venait à confirmer, à 81 ans, le projet qui lui est prêté et qui sème la discorde: faire réviser la Constitution pour se présenter à sa propre succession à l’expiration de son deuxième mandat en octobre 2020. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats.

Sans dévoiler explicitement ses intentions, M. Condé a lancé en septembre des consultations sur la Constitution. Il s’exprimera “le moment venu”, dit la présidence. Ses desseins ne font aucun doute pour ses adversaires, qui voient dans ces consultations une “mascarade”.

Le Lynx et AFP