Depuis qu’Alpha Grimpeur a exprimé son souhait de glisser son bulletin dans l’urne avant la fin de l’année 2019, du moins en ce qui concerne les sélections légis-tardives, la CENILE, en particulier le Saliflou Kébé se bat comme un diable pour obtenir l’organisation de ce scrutin. Au risque même de le bâcler sans le moindre remord. Si la date du 28 décembre, annoncée dans un premier temps n’a pas du tout tenu la route, le machin en charge des sélections s’est empressé de sortir de ses murs une nouvelle date : le 16 février 2020. Une date qui a fait plus ou moins consensus au sein de l’institution. Depuis, la CENILE tente de dérouler, non sans anicroches ce chronogramme. Elle a lancé officiellement les opérations d’Etablissement et de Révision des Listes Électorales, le 21 novembre sur toute l’étendue du territoire national. Mais à peine le lancement effectué, la CENILE fait déjà face à ses premières difficultés sur le terrain. A Cona-cris, bien des centres n’étaient pas fonctionnels ce vendredi 22 novembre dans les différentes communes de la capitale. Dans plusieurs quartiers de la commune de Ratoma, les kits de recensement se faisaient encore attendre. A Dixinn et Kaloum par exemple, les centres sont opérationnels, mais les citoyens sont pratiquement absents. L’autre problème, c’est que les agents recrutés pour l’opération d’identification des fiches des électeurs réclament toujours des arriérés à l’institution. 200 000 francs glissants pour les uns, 300 000 pour les autres. Un agent recenseur s’explique : « Quand on a signé les contrats, nous avons reçu 200 000 francs, à la fin des opérations nous avons encore reçu 300 000 francs guinéens. Mais dans les clauses du contrat il était établi qu’on percevrait 700 000. Nous n’avons reçu que 500 000 francs guinéens ».

Il y a également des frictions avec des superviseurs de cette opération dans plusieurs coins du bled, notamment en Haut-Guinée. A Kouroussa par exemple, les superviseurs ont refusé carrément de démarrer le boulot. Ils reprochent à la société Hermes d’avoir modifié unilatéralement les termes de leurs contrats concernant leurs moyens de déplacement : « Il y avait un souci par rapport à nos moyens de déplacement. On nous avait proposé des motos d’une valeur de 7 500 000 francs, on peut naturellement en déduire que c’est des TVS. Mais sur le terrain on a trouvé autre chose. On a stoppé toutes les opérations hier dans toute la zone de Kouroussa. Mais de négociations en négociations, on a fini par accepter » accuse un agent superviseur.

Dans les clauses du contrat, il était prévu que 30 % de la valeur initiale de la moto allait être déduites des primes des superviseurs. Au lieu de cela, les motos leur reviennent finalement gratuitement. Mais quel genre de motos ? Au lieu d’un engin d’une valeur de 7 000 000 de francs glissants, ce sont des motos Honda Part estimées à 4 500 000 francs glissants qui leur ont été données.
Mais ces agents ne sont mêmes pas assurés que ces nouveaux termes de contrats seront respectés : « Nous ne sommes mêmes pas surs qu’ils ne vont pas revenir au contrat initial. C’est pourquoi on attend des engagements par écrit. Ils ont balancé des e-mails aux différents coordinateurs pour leur signifier que des traces existent ».

En réalité, la pression des militants du parti au pouvoir en Haute-Guinée a poussé ces agents à faire machine arrière. Une rumeur selon laquelle ils chercheraient à saboter le RPG dans son fief avait commencé à se répandre comme une trainée de poudre : « De l’entendement des gens d’ici, notamment le préfet, les autorités communales, c’est comme si on a quitté Conakry pour venir saboter le travail dans le fief du Présidant de la République. Cela nous a poussé à accepter ce vilain accord » explique un autre superviseur déployé dans la préfecture de Kouroussa.

La situation est quasiment similaire à Kindia. Là-bas également agents recenseurs et superviseurs avaient des réclamations. Les premiers demandent le paiement de leurs arriérés et les seconds dénoncent la falsification des clauses de leur contrat. Mais aux dernières nouvelles, les activités ont timidement repris dans l’après-midi du vendredi sans que les protestataires n’obtiennent forcément gain de cause.

Yacine Diallo