Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ne désarme pas. A l’issue d’une plénière le 2 décembre à Conakry, les opposants à un changement constitutionnel ont appelé les citoyens à renouer avec les manifestations de rue dès le 10 décembre dans tout le pays. Cette décision intervient après le report de celle programmée ce 3 décembre, à la demande d’une association de personnes atteintes de déficit physique ou mental, qui voulaient célébrer la Journée internationale du handicap ce même jour. Le FNDC a également annoncé les funérailles des « martyrs » tombés au cours des dernières « répressions sauvages des forces de défense et de sécurité ».

Après la libération, le 28 novembre, de quelques leaders du FNDC, le mouvement exige désormais la libération immédiate et sans conditions de tous ceux qui sont « injustement » emprisonnés à travers le pays dans le cadre des manifestations. « Face à l’obstination du pouvoir à vouloir poursuivre son projet funeste de changement de la Constitution, le FNDC décide d’intensifier ses actions de mobilisation des citoyens pour dénoncer toutes les manœuvres visant à octroyer un troisième mandat au Président de la République », a déclaré Oumar Sylla alias Foniké Mengué, coordinateur national par intérim du FNDC, dans un communiqué. El Hadj Ibrahima Kalil Diallo du Parti pour l’espoir et le développement national (PEDN) a estimé que c’est le peuple de Guinée qui répondra au Professeur Alpha Condé pour lui signifier son opposition au troisième mandat. « Il n’y aura pas de troisième mandat. Nous sommes convaincus que c’est pour bientôt la victoire, elle est au bout du tunnel », ajoute-t-il. Bah Oury, le leader de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), a souligné que le combat que le FNDC est en train de mener est la continuité de la lutte engagée « depuis l’indépendance en vue que la Guinée soit un pays démocratique, prospère et libre. Plus de soixante ans d’indépendance, on est en train de nous engager dans la refondation de la République, avec des nouvelles mentalités. Je suis persuadé que cette lutte donnera des fruits qui permettront au second cycle politique depuis l’indépendance de s’engager sous bons auspices. » Selon lui, le peuple de Guinée, attentif, est en train d’observer et «nous souhaitons que le Président soit également à l’écoute de son peuple et ce peuple lui demande de renoncer à ce changement de constitution qui ne pourra apporter rien de bon au pays, ni à lui-même, ni au Rpg, encore moins à l’ensemble de la communauté nationale. » Et de poursuivre : «Renoncer, ce serait faire acte patriotique, ce serait faire acte civique, ce serait s’engager dans la postérité comme celui qui aura permis à la Guinée de s’engager dans la voie de la démocratisation de manière durable. Et s’il le fait, il va couronner sa carrière politique de la belle manière. On espère qu’il tiendra compte du message du peuple. »

Mohamed Chérif Abdallah, le président du Groupe organisé des hommes d’affaires (Goha) : « L’alternance démocratique peut favoriser le développement d’un pays. Tout président qui arrive, s’il sait que c’est deux mandat qu’il va faire, je vous jure il va faire des efforts pour que le pays soit développé. Il va faire des efforts pour que le pays ne soit pas divisé. Il va faire des efforts pour qu’il ait un environnement des affaires. » Il appelle tous les opérateurs comiques à marcher le 10 décembre à travers le pays pour dénoncer le projet de tripatouillage de la Constitution, l’insécurité dans laquelle sont exposés les commerçants, mais aussi fustiger la concurrence « déloyale » dans le négoce, opérée par l’administration.

Yaya Doumbouya