Mardi 10 décembre, acte 6 du Front national pour la défense de la Constitution. Des milliers de Guinéens ont une nouvelle fois battu le pavé pour fustiger la volonté d’Alpha Condé et de son clan de tripatouiller la constitution pour demeurer à vie à Sékhoutouréya. Ce mardi, la manif a démarré tardivement. Certains leaders politiques devaient rencontrer les anciens chefs de d’état béninois et nigérian dans le cadre d’une mission de bons offices que ces derniers offrent au pays. C’est vers 13h que Cellou Dalein Diallo, accompagné d’Etienne Soropogui du mouvement ‘’Nos valeurs communes’’ et du député Dembo Sylla de l’UDG, ont rallié la Tannerie, point de départ de la marche. Ils y trouveront Doura Sanoh et et ses ex codétenus. Ils retrouveront Sidya Touré, Ousmane Kaba, Bah Oury et les autres vers la base militaire. Tout le long du trajet, les marcheurs, habillés pour la plupart en rouge (couleur du FNDC, ndlr) scandaient les slogans habituels : ‘’ Amoulanfé’’ ; ‘’ Pas de 3e mandat’’ ; ‘’Il faut que tu partes Papi’’ ; ‘’Nous resterons debout malgré tout’’.

Empêcher Alpha par tous les moyens

Outre ces marches contre la nouvelle Constitution, certains membres du FNDC estiment que la lutte doit également passer par le contrôle du processus électoral, notamment celui des législatives qui se profilent à l’horizon. « Nous sommes là au nom du FNDC pour dire au régime de Conakry que le projet funeste de troisième mandat n’a aucune chance de passer. Nous pensons qu’ils sont en train de comprendre petit-à-petit. Mais il nous appartient de rester vigilants et de redoubler d’efforts pour que le projet ne passe pas. Alpha Condé sait que son schéma et sa stratégie de confiscation du pouvoir ne marcheront pas. Ils sont en train de travailler à la préservation du pouvoir par tous les moyens. Ils font tout pour se donner assez de fictifs, donc nous devons rester vigilants et refuser de participer à aucune élection tant que Alpha Condé est là » s’exclame Etienne Soropogui, ancien commissaire de la CENI.
Dans le cortège, les manifestants réitèrent leur position, aucun recul tant que les tueries dans la commune de Ratoma continuent, mais surtout tant que Alpha Condé ne renoncera pas au projet de changement de constitution. Un manifestant lance : « Il peut nous arrêter, violenter, emprisonner et même tuer, mais son projet ne passera pas. Ce combat ne s’arrêtera que quand il renonce à toucher à la Constitution. Qu’il comprenne que notre détermination est deux fois plus grande que la sienne. S’il veut, il tuera la majorité des Guinéens, mais il s’en ira ».

Cellou, Sidya et Cie à pied

Les manifs se sont intensifiées en Guinée depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir. Mais les leaders politiques comme Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et beaucoup d’autres se plaisaient « marcher » du haut de leurs véhicules. Manifestement, les temps sont en train de changer, les stratégies aussi. Ce 10 décembre, beaucoup de ces leaders se sont essayé à la marche. En premier le président de l’UFR. Sous un soleil de plomb, Sidya Touré a surpris son monde en désertant sa voiture aux abords de l’aéroport pour se fondre dans la masse pendant une bonne quinzaine de minutes. Une surprise du chef qui a piqué la curiosité du président de l’UFDG. Cellou Dalein Diallo a attendu de se retrouver dans son fief à Hamdallaye pour faire lui aussi l’expérience. Le chef de file de l’opposition a fait le trajet de Hamdallaye–CBG à Dixinn-oasis. Il l’a fait avec le patron de l’UFR et d’autres leaders du FNDC, main dans la main.

Sanoh Sauve le Soldat Bah Oury

Totalement ignoré lors des présentations des ténors du FNDC depuis le début des manifestations, privé de parole pendant les discours, Bah Oury se contentait des acclamations le long du cortège. Et aujourd’hui, le même scénario semblait se profiler à l’horizon. Puis surgit Abdourahmane Sanoh qui intime pour un premier temps aux modérateurs de donner la parole au président de l’UDD. Sans succès. Quand son tour de s’exprimer arriva, il passa le micro à l’ancien vice-président de l’UFDG. Lui aussi n’a pas boudé son plaisir. Il a profité de son petit temps, pour taper sur le Koudeïsme bis, le pouvoir à vie. Suivez mon regard !

Yacine Diallo