C’est une véritable période d’incertitude et de cacophonie que vit actuellement la CENI de Me Salif Kébé. Les réunions se succèdent, les conclusions se ressemblent. Les incertitudes se multiplient. Les voyants se stabilisent au rouge, les verbes au conditionnel. Les certitudes, elles, se livrent à dose homéopathique. Toutes les rencontres se soldent par un retour à la base. Pour consultation. En attendant, aucun signe tangible, aucun indice pour montrer que les délais seront respectés. Que la date du 16 février sera tenue.

Dans ce pays laïc, les religieux semblent avoir le dernier mot. El Hadj Mamadou Saliou Camara, l’Imam de la mosquée Fayçal et Mgr. Vincent Koulibaly, l’archevêque de Conakry ne semblent plus disposer d’une minute de répit. Ensemble, ils sont allés s’agenouiller devant le Chef de l’Etat, le Président Alpha Condé, pour lui demander, humblement, au nom de la morale, de la paix et de la quiétude sociale, de bien vouloir reporter les élections législatives contestées, prévues pour le 16 février.

Renseignement pris, la réalité est tout autre. L’initiative de la démarche est venue du Chef de l’Etat. Le ministre de l’Intérieur, le Général Bouréma Condé, aurait été le porteur de bouilloire pour inciter les religieux à « initier » le mouvement. Selon certaines informations, la CENI de Me Salif Kébé a même formalisé la demande auprès de la Cour Constitutionnelle. Feu Kéléfa Sall dans l’au-delà, la mesure est envisageable. Me Bangoura et ses amis de la Cour ne seraient pas défavorables au report. Interrogés par nos confrères d’africaguinnee.com, Salif Kébé nie tout en bloc. « La date du 16 février reste encore en vigueur pour la tenue des législatives. »

Pourtant, sur le terrain, les préparatifs ne semblent guère rassurants. A part les urnes qui ont été transportées par les soins de ce que l’on appelle là-bas « une CENI parallèle,» qui, de surcroit, échappe au contrôle de M. Kébé, rien ne milite en faveur du maintien de la date du 16 février. La CENI officielle et ses futurs ex imprimeurs de fiches et de cartes d’électeurs continuent de jouer au cache-cache. Les dates fixées pour récupérer le matériel à imprimer sont ratées, mais renouvelées à intervalles réguliers. A ce jour, les faux rendez-vous se succèdent à la CENI de Me Salif Kébé. Mais les espoirs ont toujours fait long feu.

Pis encore, des bruits de plus en plus assourdissants font état d’une panne de serveur jugée sérieuse que nos CENI auraient finalement enregistré ces derniers temps. Si ces bruits arrivaient à se confirmer, le report « pour quelques jours » des législatives du 16 février ne sera plus qu’un leurre. Les mauvaises langues parlent déjà de calendes grecques. En attendant, c’est le bégaiement qui prévaut à la CENI.