Les arrestations arbitraires enclenchées par le régime d’Alpha Grimpeur depuis le début de la lutte contre la nouvelle Constitution ne s’arrêtent pas. Au contraire, la méthode prend plus d’élan ces dernières semaines, aussi bien à Cona-crime qu’à l’intérieur du bled. Notamment en Guinée-forestière où des paisibles citoyens sont enlevés en pleine journée dans la rue, le plus souvent pour des destinations inconnues. Après l’arrestation de Fassou Goumou à N’Zérékoré et sa déportation à Cona-crime, c’est un autre citoyen de Macenta qui a fait les frais du kidnapping. Robert Kaliva Guilavogui alias Junior Kpakpataki, responsable du mouvement « Elasologa » (Amoulanfé ou ça ne passe pas) aurait été arrêté dans la matinée du samedi 15 février par des flics et conduit chez le préfet, Sory Haba. Ce dernier aurait ordonné sa déportation vers Faranah où il serait détenu actuellement dans la résidence du gouverneur, Ibrahima Kalil Kéïta. Ce lundi 17 février, le Comité de prévention et de règlement des crises en Guinée-Forestière, organe du Conseil supérieur de la Diaspora forestière et les ONG « Mêmes Droits pour Tous » et « Avocats Sans Frontière » sont montés au créneau.

Ils ont pondu une déclaration dans laquelle ils accusent l’État, à travers le préfet de Macenta, d’avoir arrêté Robert Kaliva Kalivogui pour son « appartenance au FNDC et son militantisme contre l’adoption de la nouvelle Constitution permettant à Monsieur Alpha Condé de se garantir une présidence à vie, en violation des lois de la République. Les agissements de l’État de Guinée sont attentatoires aux libertés individuelles consacrées aux articles 6 et 9 de la Charte Africaine des Droits de l’homme, 9 et 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme », déclame Me Pépé Antoine Lamah, un des avocats (sans vinaigrette) du détenu.

Selon ces Droits de l’hommiste, cette arrestation constitue l’illustration parfaite d’un recul de la démocratie et de l’État de droit en Guinée. Ils prennent à témoin l’opinion nationale et internationale du comportement dangereux et violent du goubernement de la République de Guinée. Ils condamnent également toutes les formes d’intimidation orchestrées par le goubernement et ses hommes de main contre de paisibles citoyens à cause de leur opinion. Ils invitent surtout la communauté internationale à exiger de la Guinée le respect de l’alternance démocratique et des droits de l’homme.

Mohamed Cheik Diallo, préfet de Macenta, est accusé d’être derrière la déportation de Robert Kaliva Guilavogui. Lui et ses complices dans cette affaire pourraient faire l’objet de poursuites judiciaires : «Une plainte sera déposée dans les prochains jours devant le tribunal de première instance de Macenta contre le préfet et ses acolytes pour abus d’autorité. Il va répondre de ces faits et nous veillerons à ce que la légalité triomphe » assure Me Pépé Antoine Lamah. Le bâtonnier Mohamed Traoré n’exclut d’ailleurs pas de porter l’affaire devant les juridictions supranationales : « Les autorités guinéennes banalisent les décisions de la Cour de justice de la CEDEAO, mais depuis un certain temps, la Guinée est un des pays les plus cités et les condamnations sont très élevées. C’est vrai que pour l’instant l’État guinéen n’accepte pas les décisions rendues contre lui, mais il viendra un moment où ces décisions seront exécutées ».

Yacine Diallo