A Conakry, les incendies notamment ceux des marchés, deviennent de plus en plus fréquents. Après l’incendie qui a couté la vie à cinq jeunes la semaine dernière à Sonfonia, le feu a fait de nouvelles victimes. Le lundi 17 février, aux environs de 16h, un autre incendie s’est déclaré au marché de Matoto, précisément à l’usine de matelas. Bilan, un mort et plusieurs boutiques incendiées. Manian Condé, fillette âgée de 5 ans a été carbonisée par les flammes. Selon des témoins, la petite Manian dormait dans un des magasins lorsque l’incendie s’est déclenché. « C’est une fille qui était aimé de tous. À 14 heures, elle est allée s’amuser dans la boutique de notre voisin qui est derrière l’atelier de couture de sa maman. C’est là qu’elle s’est endormie, et quand le feu s’est déclenché, tout le monde était pris de panique, nous étions tous agités et chacun cherchait à sauver sa peau. A ce moment, personne n’a pensé à elle. C’est seulement 2 heures après que les gens se sont souvenus d’elle. Hélas! Les flammes ont eu raison d’elle. Lorsqu’on l’a extraite des flammes, elle était méconnaissable. Son corps a complètement été calcinée par le feu », a expliqué une source anonyme. Quant à l’origine du drame, des voisins témoignent que tout est parti d’un feu de bois. « Il y a une usine de fabrication d’eau à côté de celle des matelas.  Habituellement, les indiens qui en sont les propriétaires font du feu pour brûler les plastiques qui servent de sachets. A 10 heures, le feu s’était déjà déclaré mais les propriétaires de l’usine l’ont minimisé. Ils l’éteignaient avec de petites pompes à eau manuelles, oubliant qu’à côté, il y avait des bois stocké prêt du feu. C’est ce stock qui a d’abord pris feu et qui s’est ensuite propagé dans toute l’usine de matelas jusqu’au centre commercial Daye Kaba et fils», a indiqué Souleymane Kaba.

 

Plusieurs boutiques partent en fumée

Dans cet incendie, des motos ont été calcinées, plusieurs boutiques et quelques ateliers de couture ont été ravagés par les flammes. Au total, on compte 19 boutiques détruites par le feu. Bangaly Fofana informaticien au centre informatique Condéla prestation de Matoto, affirme avoir tout perdu. « Nous avons perdu nos outils informatiques, à savoir des ordinateurs, des imprimantes et autres appareils qui ont été incendiés. Mais le plus important, ce ne sont pas les machines mais les données qu’il y avait dans ces machines. Et ces données étaient plus importantes que ces machines parce que, nous avions les documents de certaines entreprises privées que n’avons pu récupérer. A date, nous avons tout perdu. Tout est parti en fumée ». Et Sayon Keita de renchérir. « Dans mon atelier, j’avais des tenues (basins, voiles, des pagnes wax…) des clients que je devais coudre. Mais avec cette tragédie, comment je vais m’en sortir ? Je suis obligée de rembourser toutes ces tenues sauf pour ceux et celles qui diront qu’ils ont pardonné sinon, c’est moi qui ai la charge de rembourser ce qui a été brulé », a-t-elle dit la gorge nouée et les yeux enflés.

Sur les lieux, la tristesse se lisait sur les visages. Certains pleuraient bon, pendant que d’autres regrettaient la mort de la petite Manian. Dans la foule, on entendait des femmes crier le prénom de la fillette. « Ma petite Manian n’est plus avec nous ; qui viendra m’aider à sortir mes affaires ? Qui sera là pour m’accueillir ? », se lamentait une dame toute en larme. Pour Mariame Touré, c’est tout le marché de Matoto qui est en deuil.

« Je suis choquée par sa mort. Personne ne mérite de mourir dans de telles conditions. Samedi dernier, elle était chez moi et me disait de lui offrir des chaussures. En retour, je lui ai dit que j’allais lui offrir des chaussures pour la fête et voilà qu’elle s’en est allée sans que je ne tienne ma promesse. Nous pleurons tous son départ parce que, c’est une petite qui était avec tout le monde. Nous sommes tous sous le choc », a indiqué Mariame Touré. N’eût été l’aide des agents de la protection Civile de Matoto, le feu se serait propagé dans tout le marché.

Manian Condé a été inhumée le mardi 18 février à 10 heures au cimetière de Cosa. Dans la nuit du lundi 17 au 18 février, un autre incendie s’est déclaré dans le quartier Sangoyah. Il a fait des dégâts qui n’ont pas été encore estimés par les victimes.

Marguerite Mara