Le report des sélections du 1er mars ne calme pas les ardeurs des opposants au referendum. Au contraire ! Cette sortie semble creuser un peu plus les fossés. Au lendemain de l’annonce du Grimpeur, les ténors du FNDC se sont retrouvés au siège de la PCUD ce 29 février, pour bavarder sur la position à adopter face à ce nouveau rebondissement.

« Aucune de nos revendications n’a été satisfaite »

Au sortir de leur huis-clos, des langues se sont déliées. Pour les leaders des partis politiques de l’opposition, il n’est pas question de se laisser distraire par le Prési Alpha Grimpeur : « Nous avions deux revendications majeures : l’abandon du projet de nouvelle Constitution et de 3e mandat et l’organisation des élections inclusives et transparentes, qui signifie un fichier assaini. Aucune de ses revendications n’a été satisfaite. Nous considérons que la déclaration (du Président ndlr) hier n’apporte absolument aucune solution aux problèmes de la Guinée. C’est la raison pour laquelle nous appelons les Guinéens à l’unité, à l’effort et à la lutte pacifique, pour arracher notre liberté des geôles du dictateur », lance Oussou Kabako, la bosse du PADES. Kabélé-bélé Camara du RGD de renchérir : «Le discours d’hier n’était pas rassembleur ; au contraire, il radicalise les uns et les autres. Il est souhaitable que l’engagement qui a été pris d’écouter ses pairs de la CEDEAO soit respecté pour l’honneur du peuple de Guinée. Alors, j’invite nos amis du RPG arc-en-ciel à saisir cette occasion pour que la Guinée retrouve sa place d’honneur sur l’échiquier continental… »

« Il ne faut pas se laisser berner »

La Petite Cellule Dalein Diallo, prési de l’UFDG et chef de pile de l’opposition guinéenne, lui, se réjouit du « réveil », quoi que tardif de la communauté internationale : « Ce n’était pas gagné d’avance. Vous savez qu’Alpha a un réseau mafieux très puissant. Il a fallu qu’on se batte à l’interne, mais aussi à l’étranger, malgré la répression sauvage qui s’abattait sur nos militants. Rien ne nous fait reculer, et aujourd’hui la prise en compte de la crise guinéenne à l’étranger est une réalité. Alpha disait toujours qu’il n’y avait pas de crise en Guinée, au point de refuser de rencontrer la délégation de la CEDEAO. Mais quelques heures après, il s’est rendu compte que c’était une maladresse dangereuse. Il ne faut pas se laisser berner, parce que sa déclaration ne vise qu’à rompre un peu son isolement à l’international. Il faut continuer la lutte ». Ça va barder !

Yacine Diallo