La résistance active et permanente de ce mercredi 19 février à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution occasionne des accrochages entre flics et jeunes « résistants » au quartier Wanindara, comme lors des journées des 12 et 13 février passées. Les affrontements se sont déroulés au Carrefour-marché, coin réputé être le plus chaud de Wanindara. Tôt le matin, les ados ont bloqué la circulation pendant une bonne vingtaine de minutes. Ils y ont érigé des barricades et brûlé des pneus sur la chaussée. Des agents de la flicaille réussissent à les repousser dans le quartier. Mais vers 10h, les manifestants, plus nombreux et plus déterminés, ont réussi à déloger les flics. Ils ont de nouveau investi la voie principale Leprince. Les flics détalent et demandent renfort. Et la liesse des jeunes devint éphémère.

Des teufteufs de la gendarmerie pointent du nez, les pandores pourchassent les jeunes. Vers 13h, des coups de feu commencent à retentir à l’intérieur du quartier en lieu et place des coups de gaz lacrymogène. Bousculés, les flics utilisent un véhicule équipé de lanceurs de gaz. A Wanindara 3, trois personnes ont été blessées dont une par balle. Moustapha Bah, chauffeur, originaire de la sous-préfecture de Ditin, dans le buisson de Dalaba, a été touché par balle sur les doigts de son bras droit. Il est admis dans une clinique de la place, pour les premiers soins. Mais il attendait en début d’être évacué dans une structure sanitaire plus appropriée.

Encore des exactions dans les concessions

Des familles, claquemurées chez elles depuis ce matin, ont subi les foudres des pandores qui ont cassé le portail principal de la concession du premier imam de la grande mosquée de Wanindara 3, El Hadj Hady Bah, introduit leur pick-up dans la cour. Ils y ont renversé des marmites, fouillé les chambres, arrêté 4 jeunes. El Hadj Hady Bah dénonce la violence exercée sur les citoyens de Wanindara : « Ils sont venus défoncer le portail de ma cour. Quand je les ai vus, je leur ai expliqué qu’aucun de mes jeunes n’est sorti ce matin manifester. Quelques-uns m’ont écouté, d’autres ont foncé directement dans les chambres. Ils ont fouillé, pris des objets et sont repartis avec trois de mes jeunes et un maître coranique. Un agent a même menacé de me frapper. C’est déplorable, parce qu’actuellement tu n’as même pas où te plaindre. Quand on atteint un niveau élevé de barbarie, tu ne cherches plus où déposer une plainte, tu implores le bon Dieu », se lamente El Hadj Hady Bah, très en colère.

Chez les voisins de l’imam, les pandores ont bastonné deux vieilles femmes : une aveugle et une malade qui traîne une fracture au niveau du pied depuis 6 mois : « Nous préparions à manger, j’ai entendu les enfants dire : «Ils sont là ; ils sont là ». J’ai paniqué, j’ai fui. Ils sont entrés, fouillé la maison, chambre par chambre, ils sont sortis dire qu’ils vont tous nous tuer, parce que nous soutenons nos enfants. Alors que chez nous ici, aucun jeune n’est sorti de la cour. Ils ont cogné deux vieilles âgées de plus de 80 ans avec leur fusil », témoigne Hadja Fatoumata Binta Bah, au bord des larmes. Elle se demande pourquoi les farces de l’ordre nourrissent autant de haine contre les habitants de Wanindara : « Ils ont jeté par terre notre nourriture, promis de nous tuer cette fois-ci. Est-ce qu’une personne aveugle sait ce qui se passe dans la rue ? Qu’est-ce qu’on a fait au gouvernement ? Si on était au moins dans la rue, mais nous sommes dans nos concessions. Nous ne pardonnons pas et nous ne pardonnerons jamais », peste-t-elle.

Dans une autre concession, c’est le chien qui en a fait les frais. Il a reçu une balle en pleine bouche. Le pauvre !

Il faut rappeler que jusqu’en début d’après-midi, deux hommes en treillis de l’armée guinée-haine, perchés sur une moto « Apache », armés de leurs joujoux faisaient des allers-retours entre le rond-point de la T5 et le carrefour-marché à Wanindara. Ils échangeaient souvent avec les flics déployés dans le coin.

Yacine Diallo