Pour étouffer les mouvements de contestation liés au double scrutin légis-tardif et référendaire du 22 mars, l’Alphagouvernance ne lésine pas sur les moyens. Depuis des semaines, les arrestations arbitraires à des heures tardives font lésion. Elles sont concentrées ces deux derniers jours autour du quartier Wanindara, souvent en ébullition quand le Front national pour la défense de la Constitution appelle à des manifestations contre le projet de nouvelle Constitution.

Dernièrement, Fafambira Manet, chef de quartier Wanindara, a déclaré que des imams et des commerçants encourageraient les jeunes à manifester à coût d’espèces sonnantes et trébuchantes. Depuis, c’est plus d’une dizaine de personnes qui sont activement recherchées dans le quartier. Le 18 mars en début de soirée, l’homme d’affaires, El Hadj Nouhou Diallo, très connu des rangs de l’UFDG, a été interpellé alors qu’il se rendait dans l’une de ses écoles à la Cimenterie. Il serait détenu à la Direction centrale de la police judiciaire. « Nous avons réussi à parler avec lui, mais nous sommes inquiets, parce que nous ne comprenons pas pourquoi ils l’ont arrêté », assure un de ses proches. Dans la nuit du vendredi 20 mars, c’est le domicile de Thierno Mamadou Diallo « Ditin » qui a été visé. On l’accuserait de coordonner le traitement des jeunes blessés lors des manifs. Les flics ont débarqué chez lui vers 2h du matin, escaladé la cour, défoncé la porte de sa concession, avant de tout renverser. Il reste actuellement introuvable.

L’autre cas concerne El Hadj Abdoulaye Diallo, imam. Proche du principal parti de l’opposition, UFDG, à ce jour, il se dit menacé : « Avant-hier (mercredi 18 mars, ndlr), ils sont venus chez nous, ils recherchaient des jeunes. Ils sont entrés dans une cour, fouillé la maison, mais ils n’ont arrêté personne. Depuis que le chef de quartier a annoncé que les imams et les commerçants distribuent de l’argent aux jeunes, nous sommes tous menacés. Mais le bon Dieu nous protège pour le moment ».
El Hadj Abdoulaye Diallo était censé succéder à l’actuel chef de quartier Fafambira Manet selon les résultats des sélections locales de février 2018. C’est ce qui serait à la base de la « haine » que monsieur Manet nourrirait en vers lui : « Les élections ont été organisées, il n’a pas gagné. Malgré tout, il continue à créer des problèmes aux gens. C’est vrai que je suis imam, mais il sait que la population m’a choisi. À cause de ce choix, il cherche toujours à me créer des ennuis. Mais il n’a qu’à savoir que personne ne va quitter ce quartier. Nous ne fuirons pas. Au lieu de chercher à solutionner les problèmes auxquels sont confrontés ses citoyens, d’associer les sages dans les prises des décisions, il met des convocations dans ses poches, se promène dans le quartier à la recherche des jeunes. Nous, nous ne résoudrons pas le mal par le mal », narre l’imam.
Rappelons de passage que Fafambira Manet se tape la poitrine pour dire à qui veut l’entendre qu’il est du RPG à Wanindara.
Au quartier Kobayah, d’autres jeunes qui font l’objet de recherche depuis plusieurs jours ont déserté leurs différents domiciles.

Yacine Diallo