La semaine dernière, le mystère de l’Education nationale et de l’alphabétisation a accordé un congé exceptionnel aux élèves et encadreurs en raison de la tenue des sélections législatives et du référendum du 1er mars, un double scrutin reporté à deux semaines. Le rebelle, Aboubacar Soumah, secrétaire gênant du Syndicat libre des gens-saignants et chercheurs de Guinée (SLECG), avait baissé aussi les armes pour, à peu près, les mêmes motifs. Le scrutin étant reporté, la grève est relancée le 2 mars, à l’issue d’une assemblée générale du SLECG à Cona-cris.

Déclenchée depuis le 9 janvier passé, les gens-saignants et le goubernement ne s’entendent toujours pas. Et les cours sont partout paralysés dans le bled. Aboubacar Sous-mât a déclaré que le SLECG ne reculera pas, «quel que soient les remous politiques», car l’important est selon lui, l’amélioration des conditions de vie et de travail des bouffe-la-craie. Les syndigaleux donnent une semaine au goubernement, le temps de payer leur salaire, sinon : « Nous allons faire une descente dans les Directions communales de l’éducation (DCE) pour réclamer nos salaires, les arracher des mains des prédateurs », menace Aboubacar Soumah, qui précise que le salaire des bouffe-la-craie n’est pas gelé cette fois, mais retenu dans les DCE.  

Mohamed Ouamouno, le secrétaire administratif du bureau exécutif du SLECG, a estimé que la victoire est à portée de main. Que leur combat n’est pas un combat de survie, mais celui pour l’avenir du bled. «On ne doit pas céder ni à leur mensonge ni à leur mépris, encore moins à leur arrogance. Nous resterons droits dans nos bottes pour l’amélioration de nos conditions de vie et de travail », renchérit-il.

Aboubacar Sous-mât a exhorté ses camarades de continuer dans le même élan, car estime-t-il, le goubernement ne veut pas faire face à leurs revendications. «Un gouvernement qui n’est pas soucieux de l’avenir de ce pays. Notre ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation qui devait être soucieux de cela, puisqu’il est le premier concerné de la formation de nos enfants, est le plus grand colporteur de mensonges. Il fait croire à l’opinion national, voire internationale que les cours se tiennent alors que tel n’est pas le cas. Le gouvernement fait la sourde oreille (…) Mais cela nous a galvanisé», affirme-t-il. 

Un camarade en garde-à-vue

Selon le SLECG, son membre du bureau préfectoral à Tougué a été arrêté le 1er mars et «déporté» à Labé, où il est placé derrière les barreaux. Son crime ? Avoir publié sur sa page Facebook que « des militaires ont passé la nuit à troubler le sommeil de la population de Tougué en tirant des coups de feu. Cinquante, au total, selon lui. Notre avocat est en contact avec lui. Actuellement, il est en garde-vue dans un commissariat à Labé. Notre secrétaire général au niveau de cette préfecture avait été suspendu de ses fonctions administratives, son secrétaire aussi avait été demi de ses fonctions », déplore Aboubacar Soumah. Pour lui, le gouvernement est en train, à travers le département de l’Education nationale et de l’alphabétisation, de violer les principes fondamentaux du syndicalisme, les droits de syndicat et les conventions internationales.

Récriminations

Aboubacar Sous-mât et Cie regrettent «amèrement» que les listes qu’ils avaient rejetées à l’issue du recensement du personnel enseignant de la Fonction publique aient servi au payement des professeurs, alors qu’elles sont «truffées d’anomalies. » Selon le SLECG, il y a sur ces listes des cas de décès, d’abandons dont les primes ont été retenues par les payeurs. «A l’intérieur du pays, nos camarades qui doivent percevoir 1 300 000 francs guinéens ne perçoivent que 1 000 000 Gnf, les payeurs empochent les 300 000. Dans les chefs-lieux des régions administratives, ceux qui devaient avoir les 750 000 Gnf ne perçoivent que 600 000 et on leur retient les 150 000 Gnf. Le payement de ces primes était uniquement programmé pour saboter notre grève », fustige A. Soumah.

Yaya Doumbouya