Dans l’enceinte de l’école primaire de Koloma Soloprimo, quelques électeurs votent dans deux bureaux ouverts. Ces derniers sont les seuls fonctionnels sur 38 bureaux de vote au total prévus pour le quartier Koloma, en banlieue de Conakry, selon Touré, assesseur.
Le matériel électoral, composé d’urnes, de bulletins, est stocké dans l’enceinte de l’établissement, faute d’être acheminé. « Des cadenas ont été mis aux portes de plusieurs bureaux de vote par des manifestants », confie un témoin. Aucun kit de lavage de mains n’était visible dans ce centre de vote qui comptait plus de policiers que d’électeurs.
Dans le quartier de Soloprimo, agents de forces de sécurité pourchassaient jusque dans les concessions des jeunes manifestants. Alors que la plupart des ruelles étaient sans issues, pour cause d’érection de barricades.
Plus loin à Cosa Bantounka, des urnes cassées et des bulletins de vote jonchent la ruelle qui mène à Nongo Contéah sur environ 500 mètres. Electeurs et membres de bureaux de vote ont été chassés par des manifestants confient des témoins.

L’armée déployée en haute banlieue

Entre Hamdallaye et le rond-point de Bambéto, on notait les mêmes affrontements entre jeunes et policiers. Des pneus brûlés dégageaient de la fumée, tandis que des coups de feu retentissaient. Entre 13h et 14h, une colonne d’une dizaine de véhicules a quitté le rond-point de Hamdallaye pour la haute banlieue. A l’heure bord, ont pris place des militaires de divers corps de l’armée guinéenne, dont le Bataillon spécial des blindés. Si un récent communiqué de l’état-major de l’armée de terre avait annoncé la mise à disposition de l’armée pour sécuriser les bureaux de vote, le port d’arme n’était pas autorisé.

Au moins six morts selon le FNDC

Le Front national pour la défense de la Constitution dénombre dix personnes tuées par balle : huit à Conakry, un à Dubréka et un autre à Mamou. Bilan non confirmé par le ministre de la Sécurité et de la protection civile, Damantang Albert Camara. Ce dernier relève par ailleurs d’attaques de bureaux de vote à Kakimbo et à Jean Paul II par des assaillants non identifiés, armés de fusils calibre douze. Cela aurait entraîné des blessés, selon le ministre.
Par ailleurs, Amadou Tidiane Diallo, journaliste au site d’internet Objectif 224, interpellé samedi soir, a finalement été libéré après une nuit passée à la Direction de la police judiciaire (DPJ), a confirmé son directeur Talibé Barry. La Compagnie mobile d’intervention et de sécurité numéro 2 de Bambéto clame que le confrère a été arrêté alors qu’il participait à des manifestations. L’intéressé confie qu’il était plutôt arrêté devant la concession familiale située à Gbessia cité de l’air.

Fin de vote à Dixinn

A 18h, les bureaux de vote ont fermé. A 19h, des camions de police et de la gendarmerie ralliaient la Mairie de Dixinn, lieu de centralisation des votes de cette commune. Ils sont chargés d’urnes scellées contenant des enveloppes de bulletins de vote. Les personnes qui les transportent, des jeunes pour la plupart, font la queue pour les déposer à l’intérieur du bâtiment. Rares sont les urnes remplies de bulletins. C’est symptomatique d’un scrutin qui n’a pas connu d’affluence.

Diawo Labboyah