Les mesures « draconiennes » d’Alpha Grimpeur pour faire face au Covid-19 ne font pas que des heureux. Parmi les mécontents, il y a les chauffards de taxi.
Ce 30 mars, les conducteurs de taxi ont débrayé partout à Cona-cris, pour dénoncer les injonctions du chef de l’Etat concernant le transport en commun. Ils ne digèrent toujours pas le fait qu’Alpha et son goubernement leur intiment de diminuer le nombre de passagers à 3, pour les taxis et à 7 pour les minibus, alors que le prix du litre du car-brûlant reste toujours à 10 000 francs glissant à la pompe.
Les chauffeurs entendent, à travers ce débrayage, mettre la pression sur les autorités pour obtenir la réduction des prix du litre de car-brûlant à la pompe et d’autres mesures d’accompagnement, pour faire face aux conséquences de la décision d’Alpha Grimpeur de diviser le nombre de passagers pratiquement par deux : « Quand tu commences par vendre des bœufs et tu termines par vendre des poulets, c’est qu’il y a problèmes. Nous, nous sommes d’accord pour les mesures que le gouvernement a prises, nous savons que la maladie est très dangereuse, mais ces mesures ne nous arrangent pas. Les recettes ont été divisées par deux, donc nous ne pouvons plus rouler à perte. Nous souhaitons que le prix soit revu à la baisse, pour qu’on puisse au moins gagner la dépense, parce qu’on ne peut pas épargner dans de telles conditions », se lamente Maarifa Diallo. Au rond-point de Bambéto, un groupe de chauffards monte la garde. Ils empêchent leurs collègues qui veulent rouler, soit contre la mesure annoncée, soit pour la respecter : « Nous n’agresserons personne, mais quiconque refuse d’observer le mouvement nous trouvera ici. Nous allons débarquer ses clients », s’exclame l’un des membres du groupe.

Les prix grimpent

Depuis la confirmation du Covid-19 en Guinée, le transport interurbain est fortement impacté. Les gares routières ne sont certes pas fermées, mais il n’y a presque pas de passagers. La cause, l’augmentation fantaisiste des prix. Entre Conakry et Mamou, un passager payait 70 000 francs glissants. Ce lundi, le transport se négociait à partir de 140 000 francs guinéens par personne, pour le même parcours. Le transport Conakry-Labé est passé à 215 000 francs glissants par passager, au lieu des 110 000 francs guinéens auparavant. Mamadou Aliou Diallo, chauffeur se justifie : « C’est vrai que nous sentons l’impact de cette mesure, mais c’est la population qui va payer les pots cassés, parce que c’est elle qui paie le transport. Donc, si le gouvernement de diminue pas le prix du carburant, il n’a qu’à nous laisser prendre quatre passagers au lieu de trois. Là, les pertes seront moindres et le prix du transport va un peu diminuer ».
L’autre hic, c’est le rétablissement des points de contrôle entre Conakry et certaines villes de l’intérieur. Les rackets se feraient à ciel ouvert, selon des voyageurs : « Depuis quelques jours, tous les barrages sont remis. Entre Conakry et Labé par exemple, il y a quatre barrages. Au niveau de chaque, tu payes 10 000 francs guinéens. Quoi qu’il arrive, c’est la population qui supporte les frais », ajoute Mamadou Aliou Diallo.
D’autres conducteurs soutiennent que d’aucuns s’abstiennent de voyager à cause de la pandémie : « Tu peux passer toute une semaine à la gare routière ici, sans faire le plein de passagers ».

Omerta du syndicat

A la gare routière de Bambéto, les syndicalistes se claquemurent dans un silence de cimetière. Personne ne veut piper mot : «Nous avons reçu ordre de rien dire pour le moment », marmonne un des sécréteur du syndicat des transporteurs à Bambéto.
Nul besoin de dire que les voyageurs sont les victimes collatérales des morsures prises contre le Kôrônavirus en Guinée.

Yacine Diallo