La Cour constitutionnelle de Guinée a entériné vendredi la très large victoire du « oui » lors du référendum du 22 mars sur une nouvelle Constitution, boycotté par l’opposition, revoyant toutefois légèrement à la baisse l’ampleur du raz-de-marée annoncé la semaine dernière par la commission électorale.
La proposition de nouvelle Constitution proposée par le président Alpha Condé a recueilli 89,76% de « oui » et 10,24% de « Non », pour un taux de participation de 58,25%, selon les résultats définitifs de la Cour constitutionnelle annoncés sur la radio publique.
La commission électorale avait annoncé le 27 mars que le « oui » l’avait emporté à 91,59%, pour 8,41% de « non » et un taux de participation de 61%.
L’opposition, qui avait appelé ses partisans à boycotter le scrutin, avait rejeté ces chiffres, qualifiés de « scores à la soviétique » par l’ex-Premier ministre Sidya Touré.
Les écarts entre les résultats de la commission électorale et de la Cour sont dus à des « irrégularités et dysfonctionnements constatés par les missions d’observation dépêchées par la Cour constitutionnelle », a expliqué vendredi à l’AFP le Secrétaire général de la haute juridiction, Cheick Fantamady Condé.
Le pouvoir a annoncé mercredi soir que le parti d’Alpha Condé avait remporté plus des deux tiers des sièges lors des législatives qui se tenaient le même jour. Les Etats-Unis, l’Union européenne et la France ont remis en question la crédibilité du référendum et des législatives.
Le projet prêté au président Condé de briguer, à 82 ans, un troisième mandat fin 2020 et la nouvelle Constitution qui doit l’y aider, selon l’opposition, sont au cœur d’une crise politique qui a fait des dizaines de morts depuis mi-octobre.
Le vote lui-même a été entaché de violences qui ont fait à nouveau des dizaines de morts le jour de sa tenue et les jours suivants à Conakry et en province, selon l’opposition.
Amnesty International a dénoncé jeudi (3 avril), la responsabilité des forces de sécurité, estimant qu’elles avaient « fait un usage excessif et aveugle de la force contre les manifestants et passants, en ayant recours à des tirs à balles réelles, des gaz lacrymogènes et des coups de matraque ».

AFP