En un mois, la Guinée est passée de zéro à 400 cas de Covid-19, avec un taux de guérison autour de 10%. L’absence de mort hospitalier a éclipsé l’ampleur de la propagation du virus. Le projet de gestion du virus qui permet à Dr Sakoba Kéïta de gérer, en toute indépendance, a suscité des vagues de critiques. Et le Prési Alpha Grimpeur a bien voulu l’entériner.
Contre toute attente, cela n’a pas permis de freiner la propagation. Elle s’est plutôt accrue. En passant d’une moyenne de 10 cas par jour à 35 ces trois derniers jours. Avec à la clé, la mort de certains patients dont un bidasse. Il n’en fallait pas plus à Alpha Grimpeur pour taper du poing sur la table et remettre en cause le plan de gestion et la stratégie unilatérale de Sakoba, le 16 avril, au cours d’une rencontre avec le personnel médical à Sékhoutoureya : « Il faut qu’on mette toutes nos forces médicales en action, que ce ne soit plus seulement un groupe, mais tous les gens qui peuvent travailler, il faut qu’on les mette au travail. Ça, ça doit être très clair, sinon on va à la catastrophe. On a commencé avec un cas, deux, trois, on a attendu, et aujourd’hui, on est à 400 cas, c’est extrêmement grave. Il faut qu’on se dise les vérités, ça ne va pas sincèrement, la façon dont nous gérons n’est pas bonne et j’ai toujours dit, il faut associer le maximum, il y a beaucoup de bonnes volontés qui peuvent participer ».
Dans son laïus, le Prési Alpha Grimpeur a évoqué la mort d’un militaire dont il a tu le nom et s’est demandé comment est-il mort ? Il a même douté de la sincérité de l’équipe de Sakoba qui « ne dit pas toute la vérité ». Le Prési rejoint ainsi bien des Guinéens qui estiment que Sakoba et compagnie ne disent pas toute la vérité. D’abord, la mort du libanais de suite de Covid19 n’a pas été comptabilisée par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, il a fallu que la communauté libanaise l’annonce pour que le ministre de la santé et l’ANSS le reconnaissent. Ce militaire dont parle Alpha Grimpeur ne figure pas non plus, et nulle part, dans la comptabilité de personnes décédées. Jusqu’ici, seul un décès est officiellement déclaré par l’ANSS.
Pendant ce temps, un autre décès lié au Covid-19 a été annoncé le 17 avril, par la direction de communication de l’Armée qui informe la mort de Mory Diané, frère du tout puissant ministre délégué à la Défense nationale, Mohamed Diané. Selon une source citée par notre confrère Mosaiqueguinee, le défunt est arrivé à 11h (jeudi 16 avril), un peu souffrant. « Il a dit qu’il était à l’hôpital sino-guinéen. Apparemment, aucun membre de sa famille n’était informé de sa présence ici, parce que, c’est ici qu’il a prêté un téléphone pour informer sa femme. Il est parti dans les toilettes, c’est là-bas, il a fait une crise. Il est tombé et il en est décédé à 21h. Ce qui est frustrant, c’est que le monsieur est tombé dans les toilettes de 18h à 21h, il n’y avait aucun médecin pour le secourir. Les médecins sont arrivés pendant que c’était trop tard (…) » Woïka !
En attendant le bilan de la journée de ce vendredi, la Guinée compte en tout 438 cas confirmés dont 388 hospitalisés, 49 guéris et deux décès.

Oumar Tély Diallo