Entre le prési du PGSD, Parti guinéen pour la solidarité, la démocratie et le développement, Elie Kamano et la vice-prési du parti, Marie Louise Kamano, ce n’est plus le parfait amour. Après son départ du FNDC, Front national pour la défense de la Constitution, faim mars passé, le reggae man politicien, avait été exclu du PGSD par le comité central, pour «faute lourde». Très remonté, Elie Kamano a convoqué une assemblée générale extraordinaire le 7 mars à Cona-cris, à l’issue de laquelle Marie Louise Kamano a été suspendue à son tour, jusqu’à nouvel ordre pour «faute disciplinaire». Elle perd ainsi «toutes ses prérogatives et n’est plus habilitée à exercer des activités au nom du parti sur toute l’étendue du territoire national», dit le bureau politique la sanctionnant. Le bureau politique, à l’issue de la rencontre, a rejeté en bloc les «accusations fallacieuses» de la vice-prési à l’encontre du prési du PGSD et en a appelé les militants à la vigilance et à la responsabilité.
Quelques jours plus tôt, dame Marie Luise Kamano a publié une déclaration qui exclue Elie Kamano à cause de «ses agissements», alors que son mandat à la tête du parti court jusqu’à 2024. Jointe au téléphone le 10 avril, dame Kamano déclare que sa suspension est un «non-événement» et qu’Elie Kamano perdra, car « je ne vais pas lui laisser le parti. Il est trop arrogant». Elle ajoute que le parti demeure le sien. «Ils étaient en train de dire que le parti n’était pas connu, mais c’est à travers ce parti que j’ai postulé pour les élections législatives de 2013. Même s’il n’est pas connu, je préfère le récupérer et le garder dans une cantine fermée à double tour. Elie Kamano est venu me dire qu’il a démarché pour avoir un agrément, il n’a pas réussi. C’est par amour d’une mère, par sentiment pour la jeunesse, que je lui ai donné le parti. Aujourd’hui, il me récompense comme cela », râle dame Kamano.
Le 7 avril, Elie Kamano, en réponse à sa destitution, avait déclaré : «On ne peut pas se lever un beau matin pour dire que je suis destitué de mon poste de président. Ce n’est pas un poste nominatif. On ne m’a pas nommé, j’ai été élu. Donc, c’est pour vous dire qu’il y a beaucoup d’immaturités, d’amateurismes dans ses agissements-là. C’est un non-événement. Personne ne peut m’exclure du parti. Je suis le président du PGSD et j’ai un mandat de 5 ans. Cela n’a pas été dit comme cela sur les bouts de lèvres, c’’est une élection, c’est un vote qu’on a fait, à l’issue d’un congrès.»
Le 29 mars dernier, Élie Kamano, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, a annoncé son retrait définitif du FNDC et claqué la porte de l’opposition politique. «On ne peut pas vouloir du miel et avoir peur d’affronter les abeilles. On ne peut pas chasser le lionceau et avoir peur du lion. Je me sens trahi. Le peuple dans son silence et sa résignation se sent aussi trahi par des leaders, qui ont certes beaucoup d’expériences politiques, mais peu de volonté patriotique pour affronter le gaz lacrymogène et les balles qui effleurent les enfants d’autrui », avait-il lancé à l’endroit les leaders du Front.

Yaya Doumbouya