Le Prési Alpha Grimpeur a, contre vents et marées, obtenu sa nouvelle Constitution. Malgré toutes les mises en garde, à  l’interne et à l’international, il a fait passer en force son  projet le 22 mars dernier avec un score à la soviétique. Pour être effectif, ce nouveau texte devait passer par plusieurs étapes : l’avis de conformité de la Cour Constitutionnelle, la promulgation par le chef de l’État, mais surtout sa publication au journal officiel de la république. Cette nouvelle Constitution du Grimpeur serait déjà passée par toutes ces étapes.

Sauf que, comme souvent dans notre roue-publique, les choses ne sont pas si simples. Un avocat (sans vinaigrette) révèle que les dispositions de la nouvelle Constitution auraient subies de significatives mutations entre leur adoption par référen-donne et leur publication au Journal Officiel de la Roue-publique. « D’abord, l’avant-projet soumis au contrôle de la Cour constitutionnelle ne correspond pas au document qui a été publié au journal officiel avant le référendum. Ensuite, le projet soumis au référendum ne correspond pas à celui qui a été publié au Journal Officiel à l’issue du référendum constitutionnel. A faire une lecture comparée de ces deux documents, on note aisément que  la “nouvelle constitution” compte désormais 156 articles, alors que le projet comportait 157 articles. Plusieurs articles (42, 43, 47, 76, 77, 83, 84, 106) ont été modifiés, d’autres ont été carrément supprimés. En effet, la candidature indépendante consacrée à l’article 42 du projet a fini par sauter avec la nouvelle constitution ». Blagué tué, comme on dit chez nos voisins Y-voient-rien;

L’autre inquiétude de Me Pépé Antoine Lamah concerne la cacophonie qui entoure la composition de la future Basse Cour Constitutionnelle. Désormais l’association des magistrats et le barreau, auxquels l’avant-projet donnait mandat de désigner des représentants, sont sur la touche  : « La composition de la cour constitutionnelle telle que disposée à l’article 106 du projet a connu une mutation après le référendum. Le projet confère à l’Association des Magistrats le pouvoir de désignation du Magistrat devant siéger à la cour constitutionnelle, alors que la “nouvelle constitution” confie ce pouvoir au Conseil Supérieur de la Magistrature. Il en est de même pour le représentant du Barreau qui, conformément à la “nouvelle constitution”, doit être proposé par le Conseil de l‘Ordre, alors que le projet avait retenu qu’il soit désigné par celui-ci. Or, la Cour constitutionnelle n’ayant émis aucune réserve de correction, encore moins d’interprétation, les articles modifiés auraient dû être soumis, une nouvelle fois, au contrôle et avis de la Cour constitutionnelle ».

Me Pépé Antoine Lamah ne va pas par mille chemins : le référen-drôle du 22 mars n’a pas servi à grand chose : « Tout porte à croire que la constitution a été réécrite par des supposés « grands électeurs » après le référendum du 22 Mars 2020. Cette situation inédite et juridiquement inadmissible, amène vraiment à s’interroger sur ce qu’ont servi ce référendum et la valeur juridique du document publié le 14 Avril 2020. Pour moi, seul le projet de constitution issu du référendum constitutionnel du 22 Mars 2020 devrait être promulgué et publié. Malheureusement, « la constitution » publiée le 14 Avril 2020 est loin de celle pour lequel le peuple de Guinée a été consulté le 22 Mars 2020. Cette manipulation n’est qu’une fraude et un complot contre le peuple de Guinée. Ce document ne doit pas être considéré comme la nouvelle Constitution de la République de Guinée. C’est même à tort qu’on l’appelle “constitution du 14 Avril 2020” puisqu’elle n’a jamais recueilli l’avis consultatif de la cour constitutionnelle encore moins l’approbation du peuple de Guinée ».

L’avocat est certain  que cette constitution « est totalement étrangère à la procédure référendaire. Même si le peuple se serait massivement mobilisé dans les urnes, le 22 Mars 2020, il ne pourrait se reconnaître en elle, en ce sens qu’elle n’est pas l’aboutissement fidèle de la procédure référendaire. Par malhonnêteté intellectuelle et politique, un groupuscule dans l’ombre a fait publier un document faux qu’on appelle, à tort, “nouvelle constitution”. Dès lors, il est indiscutable que le projet de constitution issu du référendum du 22 Mars 2020 a été falsifié».

Yacine Diallo