Des anciens combattants guinéens tirent actuellement le diable par la queue. Or, depuis son arrivée à la tête du bled, le Prési Alpha Grimpeur, commandant en chef des forces armées, a accordé des augmentations de soldes à plusieurs corps de l’armée. Mais bien d’anciens combattants seraient les grands oubliés du geste pestilentiel. Si on en croit au capitaine Diawadou Diallo, qui dit avoir combattu au compte de la France à Madagascar, lui et ses compagnons de lutte n’auraient bénéficié d’aucune augmentation de leur pension depuis l’arrivée du Grimpeur à la tête de la magistrature suprême. Dans une lettre ouverte, le capitaine a interpellé le Commandant en chef des forces armées sur son calvaire et sur celui de ses frères d’armes. Bonne lecture !
Excellence Monsieur le Professeur Président de la République de Guinée,
J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la vie misérable que vivent les retraités de la République de Guinée. Je voudrais vous parler plus particulièrement de ces anciens combattants de trois saisons.
De la Guinée, au service de la France, nous sommes allés à Madagascar où avec des semaines de manœuvres au pays des trymobo et des souris venimeuses, aussi en Algérie par ces rudes djebels face à des pelegas nationalistes.
Le 28 septembre 1958, à l’appel de la patrie, la liberté recouvrée, nous sommes entrés au pays, nous avons alors constitué et organisé l’armée nationale. Nous avons certes reçu des pensions de l’extérieur et des exigences de l’intérieur. Nous avons participé à la lutte de l’indépendance africaine (Congo-belge, Angola). Ce sont ces soldats que nous appelons les combattants des trois saisons.
Excellence Monsieur le Président, vous et nous sommes venus du colonial, avez-vous participé aux activités du front (1964).
Excellence Monsieur le Président, durant vos deux mandats, les retraités de Guinée n’ont reçu aucun centime (augmentation) sur leurs maigres pensions. Nulle part au monde les vétérans de notre rang ne sont aussi maltraités. Un caporal de votre armée est mieux payé qu’un capitaine vétéran qui a gravi les trois échelons de commandement.
Excellence Monsieur le Président, ce n’est pas au service du général Namory Traoré ou du général Ibrahima Baldé que nous avons accompli ce devoir, c’est au service du peuple de Guinée.
Nous n’avons jamais failli. C’est pourquoi ces généraux nous consolent à tout moment par les aides de tout genre.
Excellence Monsieur le Président, cent millions de francs guinéens à titre de rappel ne sauraient effacer les cicatrices de ces longues nuits (une nuit de garde et une nuit à la maison).
Excellence, vous réhabilitez une fine majorité des victimes (premier et deuxième régime).
Je vous vous présente humblement mes excuses pour m’être adressé à vous par voie de presse.

Capitaine Diawadou Diallo