Visiblement, la réaction des pays membres de la ZMOA avec à leur tête, le Nigéria, suite à l’annonce de Paris de mettre fin à la monnaie coloniale du FCFA, étaient très attendue, non seulement dans les milieux financiers de l’espace CEDEAO, mais aussi, au sein de la classe politique ivoirienne. Au lendemain de la concertation par visioconférence des chefs d’états de la CEDEAO, non membres de l’UEMOA, l’on note entre autres des réactions du Professeur Koulibaly Mamadou, candidat de LIDER à la présidentielle d’Octobre 2020 en Côte d’Ivoire, et de l’ancien ministre des PMEs, Roger Banchi, coordonnateur général de GPS en Europe.

Selon Koulibaly Mamadou, qui salue ‘’la mise en garde du Nigéria’’, ‘’la guerre de l’Eco contre le FCFA aura donc bien lieu. Les pays de l’UEMOA, « en créant l’Eco dans des conditions insultantes et d’humiliation de la CEDEAO » ne cherchent, en fait, que la dislocation de cette organisation’’. Quant au chef de file des Soroïstes en Europe, il cible directement le Président Ouattara qui, craint-t-il, « va se retrouver assez seul pour défendre, non pas une grande vision monétaire portée par une armée citoyenne africaine…mais le petit projet de son réseau de sachants Françafricains…».
Ces propos font suite à ceux du dirigeant nigérian, Muhammadu Buhari, qui affirmait ce mardi 23 juin sur son compte Twitter, éprouver « un sentiment de malaise que la zone UEMOA souhaite reprendre l’Eco en remplacement de son Franc CFA avant les autres États membres de la CEDEAO.» Par ailleurs, le Chef de l’État nigérian a dit s’inscrire dans le même ordre d’idées que son homologue guinéen, Alpha Condé, en réitérant son attachement à ‘’la souveraineté régionale entière’’. ‘’Le Nigéria soutient pleinement et est attaché à une union monétaire dotée des fondamentaux appropriés-une union qui garantit la crédibilité, la durabilité, la prospérité et la souveraineté régionale entière’’, a-t-il soutenu, avant d’appeler à ‘’faire les choses correctement et assurer le respect absolu des normes établies’’.

Le dossier de l’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest reste un terrain glissant dans les relations entre francophones réunis au sein de l’UEMOA et anglophones de la ZMOA. Vu la célérité avec laquelle le Chef de l’Etat Français et son homologue ivoirien engagent le processus de mise en place de l’Eco, sous la forme d’une monnaie à parité fixe avec l’Euro, l’on craint de plus en plus, un risque de dislocation de l’union.

Raoul Mobio