La culture guinéenne est encore en deuil. De son vrai nom, Ansoumane Camara, Petit Condé, musicien, guitariste du groupe Standard et président de l’Union nationale des artistes et musiciens de Guinée a tiré sa révérence lundi 15 juin, à l’Hôpital Ignace Deen de Conakry, après plusieurs jours d’hospitalisation. Amis et poches ne tarissent pas d’éloges de ce célèbre guitariste. Pour Sékou Conté, chef orchestre du groupe Standard, une amitié de plus de 50 ans vient de s’éteindre. « Si je commence à parler de Petit Condé, je ne dirai pas tout. Je l’ai connu depuis qu’il était à l’école primaire. C’était quelqu’un d’extraordinaire, les mots me manquent pour le qualifier. Ce qui m’a surtout marqué chez lui, c’est son courage. Depuis qu’il est tombé malade, il est resté très courageux et confiant. Toujours optimiste qu’un jour, il allait se lever de son lit de malade. Hélas, le sort en a décidé autrement, car la maladie a eu raison sur lui. Ce matin, quand je suis venu à son chevet, il m’a dit : « Grand, libérez-moi ! Libérez-moi ! Quand l’état d’urgence sera levé, j’irai me soigner pour revenir sain et sauf, Inch’Allah. »
Au bout du fil, son chef d’orchestre, en sanglots, a démenti la rumeur qui laissait croire que le vaillant guitariste avait lancé un SOS aux bonnes volontés pour pouvoir couvrir ses frais médicaux. Selon Sékou Condé, Petit Condé était pris en charge par la ministre Hadja Mariama SOGUIPAH et par le ministère de la Culture.
Après avoir présenté ses condoléances au peuple de Guinée et à sa famille biologique, Jean Baptiste Williams, a affirmé que la disparition de Petit Condé est une perte énorme. « Cette nouvelle nous attriste tous. C’était un musicien talentueux, un guitariste qui aimait beaucoup ce qu’il faisait et qui a su faire le pont entre la première et la seconde générations. Tout dernièrement, avec son groupe Standard, Petit Condé a réussi à reprendre tous les classiques de la musique guinéenne avec un excellent travail. Vraiment, c’est une perte énorme pour le monde de la culture en général et celui du genre parce qu’il était aussi rassembleur. Vous constaterez qu’au sein du groupe Standard, il a réuni plus d’une dizaine de chanteurs qui reprenaient aussi bien leur répertoire que les classiques de la musique guinéenne. Pour nous, les ainés, beaucoup d’espoir se fondait quant à la sauvegarde, mais aussi à la promotion de la musique guinéenne. Il était également disponible, poursuit Jean Baptiste Williams, je note que Petit Condé a accompagné plus 100 artistes en studio. Sa courtoisie, sa politesse envers tout le monde sont les caractères qui m’ont beaucoup marqué chez lui et surtout, il avait le don de l’écoute, parce qu’un musicien doit avoir la faculté d’écouter plus d’une dizaine d’instruments et de jouer avec tout le monde. Cela n’était pas donné à tout le monde, mais lui il avait ce don. Je retiens qu’il m’a toujours pris pour son maitre » témoigne JBW qui révèle que la situation sanitaire du pays n’a pas permis d’évacuer Petit Condé, mais nous avons déployé les moyens nécessaires pour que nos médecins s’occupent bien de lui…. C’est le lieu de saluer leur travail.
De son côté, Justin Morel Junior qui l’a connu et admiré, a relevé les qualités exceptionnelles de la « cheville ouvrière des Editions Super Sélection, Amacif, Mad, Gris-Gris, Ninibou,» pour ne citer que ceux-là. L’ancien ministre de la Communication note que « Petit Condé aura incontestablement été le leader de la nouvelle génération de solistes guinéens. Attachant, musicien de pointe, il sera inoubliable.» Que son âme repose en paix!

Kadiatou Diallo