La journée d’hier vendredi 19 juin, a été chargée pour Alpha Grimpeur et son clan. Alors que le populo ne se fait pratiquement plus aucune illusion sur la volonté du chef de l’État de s’éterniser au pouvoir, la CENILE a pris de court tout le monde, en annonçant que la sélection pestilentielle se tiendra le 18 octobre prochain (si Alpha Grimpeur confirme cette date). Les acteurs politiques, notamment de l’opposition respire-lacrymogène, déjà très engagés dans les actions du FNDC, font désormais face à un nouveau dilemme : boycotter le scrutin si le Grimpeur se présente ou participer avec ou sans le chef de l’État au risque de légitimer la nouvelle Constitution.
Cette annonce du machin en charge des sélections dans le bled radicalise un peu plus certains opposants. Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif du parti UFR, est formel : la date du 18 octobre a été imposée à la CENILE : « Nous, nous sommes préoccupés par la mobilisation que nous devons faire au niveau du FNDC. Nous sommes favorables à une élection sans Alpha Condé, alors nous nous mobilisons pour faire respecter la Constitution de 2010. La CENI qui annonce une date, nous savons que c’est Alpha Condé qui a dicté sa loi. Ce n’est pas une date discutée avec les partis politiques parce que la CENI fait les élections pour les partis politiques. Elle devait réunir les partis politiques pour discuter de comment les élections vont se faire. Mais il n’y a pas de CENI, c’est l’administration de la Présidence qui gère les élections en Guinée. On dit aux commissaires ce qu’ils vont faire. C’est ridicule ».

Saïkou Yaya Barry demande à la communauté internationale d’empêcher Alpha de grimper à nouveau sur le fauteuil pestilentiel : « Nous avons un fichier électoral corrompu qui n’a pas été audité en bonne et due forme. Nous demandons que la communauté internationale qui nous a aidés à faire venir Alpha Condé en 2010, nous aide à nous débarrasser de lui. Nous devons nous organiser pour obtenir un fichier propre. C’est pourquoi nous demandons la mobilisation de la population pour empêcher que ce système ne perdure dans notre pays. La situation que nous vivons est préoccupante : la violation des droits de l’Homme, la fragilisation du tissu social… Il faut que les Guinéens comprennent qu’il est important de bouter ce système dehors ».

Annoncé depuis fin mars, c’est ce 20 juin qu’Alpha Grimpeur a procédé à son remaniement ministériel. Le populo s’attendait à un grand chambardement, mais la montagne n’a finalement accouché que d’une petite souris. Plus de militants que de technocrates dans ce gouvernement. Blanc bonnet, bonnet blanc, selon le secrétaire exécutif de l’UFR : « Avec Alpha Condé, c’est du pareil au même. Il a enlevé quelques personnes et a confirmé son clan. Ceux qui pensaient que le mandat d’Alpha était dédié à la jeunesse n’ont que leurs yeux pour pleurer. Alpha ne pense à personne en Guinée. Il veut mourir au pouvoir, il utilise tous les moyens de l’État pour cela. C’est une colonisation locale que nous avons. Il faut chasser ces petits colons locaux là pour que les Guinéens retrouvent leur liberté. Alpha ne se bat que pour sa personne. Aujourd’hui la région la plus pauvre en matière d’infrastructures, c’est la Haute Guinée, mais il fait croire aux habitants de cette région qu’il est là pour eux. C’est faux, il ne pense qu’à lui et à son petit clan ».

 

Yacine Diallo