Elèves et étudiants devraient reprendre le chemin des classes le 29 juin, trois mois après l’arrêt brusque des cours fin mars, du fait de la présence de la pandémie du Covid-19 dans le bled. Cette reprise concerne les élèves qui passeront les examens en fin d’année (CM2, BEPC et BAC), mais également les étudiants qui terminent la licence. A Cona-cris, notamment dans la commune de Ratoma, les écoles ont connu des fortunes diverses. Plusieurs établissements de l’enseignement public n’ont pas ouvert leurs portes. La cause, le retard habituel de l’Alpha gouvernance dans l’installation des kits sanitaires.
Alors qu’Alpha Grimpeur a annoncé l’ouverture des classes depuis plus d’une semaine, contre toute attente, le mystère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation s’est fendu un communiqué, dimanche 28 juin, pour interdire aux écoles qui n’ont pas reçu les kits sanitaires que le mystère lui-même doit fournir, de reprendre les cours. Ce communiqué est tombé comme un cheveu dans la soupe. Une véritable incompréhension entre apprenants et bouffe-la-craie d’une part, et responsables d’établissements de l’autre.
Au lycée de Lambanyi, il n’y a pas eu cours, les élèves ont été tout bonnement priés de rentrer à la maison. Pourtant, ils étaient dans la cour en grand nombre, les bouffe-la-craie également. Mais pour un établissement de plus d’une vingtaine de classes, il n’y avait que deux kits de lavage de mains. Inadmissible, estime un encadreur : « Nous ne pouvons pas prendre le risque de réunir plus de mille personnes dans une telle situation. Nous tenons énormément à leur formation, mais la santé avant tout. Nous attendons que nos dotations en kits soient prêtes avant de reprogrammer les enfants ». Pendant ce temps, élèves, encadreurs et chargés de cours déambulaient dans la cour sans masques.
Même situation au lycée Kipé. La direction de l’établissement a préféré suivre le communiqué, d’autant plus que le tout nouveau ministre de l’Education a menacé tout directeur qui enfreindrait la règle. Dans ces deux établissements, les cours ne pourraient reprendre avant la semaine prochaine. Même si le proviseur du lycée Kipé dit que les choses pourraient se normaliser le mardi 30 juin.
Dans les écoles privées, la reprise était plutôt timide. Une menace de boycott des cours planait sur les écoles depuis l’annonce de l’ouverture des classes. Les gens-saignants du privé qui n’auraient pas touché un seul centime pendant cette période de pandémie étaient décidés à bouder les classes au cas où les fondateurs d’écoles privées ne payaient pas ce qu’ils considèrent comme ‘’arriérés de salaire’’. L’appel au boycott n’a finalement pas été suivi à la lettre, les cours ont partiellement repris. « Nous n’avons pas connu de perturbations, heureusement. Nous avons réussi à désamorcer la crise avant la reprise. Comme nous partagions leur peine, nous les soutenions, nous les avons rencontrés, et avons surmonté les difficultés ensemble. Aujourd’hui, les enseignants qui sont programmés sont là », explique M’Bemba Dramé, proviseur d’un groupe scolaire. Les consignes édictées par le MENA sont plus ou moins respectées dans de nombreuses écoles: prises de température, kits de lavage de main devant les portails principaux. Masques obligatoires, même si les mesures de distanciation ont du mal à se faire respecter.

Yacine Diallo