Dans un pays de rumeurs comme la Guinée, celle portant sur l’état de santé défaillant du Président Alpha Grimpeur a bien couru les rues sordides de Cona-cris. Dans ce bled où la chose politique intéresse plus d’une personne, le sujet ne cesse d’alimenter les débats. Chacun de son côté le commente à cœur joie, selon sa position et son camp. En 2019, en pleine crise sociopolitique, le Grimpeur qui séjournait à l’étranger, avait été déclaré malade. Pour contredire cette folle rumeur qui s’était propagée comme une traînée de poudre, l’opposant histo-risque, dès son arrivée à Cona-cris, s’est tout suite tapé un petit bain de foule à Kaloum où l’on pouvait le voir effectuer des kilomètres à pied en présence de sa garde très rapprochée, aux yeux et aux bérets rouges.

Mais cette fois-ci, personne n’a vu Alpha grimper sur une quelconque volonté de rééditer l’exploit Ce silence radio a encore suscité beaucoup d’autres interrogations chez certains et a même renforcé leur conviction sur la rumeur. Seulement voilà, le 15 juin dernier, le Prési Grimpeur devrait s’adresser aux Guinéens sur la nécessité de maintenir ou pas les morsures sanitaires contre le Körönavirus en vigueur depuis maintenant trois mois. Aussi, son discours était-il très attendu.

Dans son édition de 20h 30, comme prévu, la RTG a diffusé les images d’un président pas complètement fatigué, avec les traits-tirés, comme c’était le cas au mois de février dernier lorsqu’il avait repoussé la date du double scrutin électoral. Mais son visage quelque peu bouffi et le fait de ne pas pouvoir bien articuler les maux tendaient à montrer que l’homme ne devait pas respirer la pleine forme. Ce sont des faits et gestes bien visibles qui ne pouvaient échapper à la vigilance des curieux, quelquefois bien malveillants

Tomber malade est-il un crime? « Qui n’est pas malade ? » s’était demandé Général Lansana Conté quand l’opinion guinéenne en général, et la SIG-Madina en particulier, le donnaient pour mourant chaque fois chaque fois qu’il passait par là pour se rendre au Maroc ou à Gbantama. Aujourd’hui, les rôles sont inversés. Les pourfendeurs d’hier sont devenus les défenseurs d’aujourd’hui. La stratégie, le sujet et la technique n’ont pas changé d’un iota. Les dénégations, non plus ! Personne, ni Conté ni Cond, n’a répondu par la publication d’un bulletin de santé. Pour l’un, c’était motus et bouche cousue. Pour l’autre, c’est la preuve par… la télé. L’opposant historique ne se fatigue pas de rappeler aux souvenirs de ses sujets qu’il a lutté quatre décennies durant pour la démocratie et l’Etat de droit. Ce qui n’empêche pas les ingrats de le proclamer malade. Alors, il va mieux et il le prouve tous les soirs à la télévision. Même si l’autre semaine, le protocole n’a pas jugé utile de le conseiller de se lever pour remettre lui-même aux Américains le décret qu’il venait de signer pour décorer feu leur ambassadeur à titre posthume. Mais, ça, il y a longtemps déjà.

Bah Mamadou