L’appel à manifester lancé par le FNDC hier, lundi 20 juillet, a été partiellement suivi par les populations de Conakry et ses environs. Des heurts ont éclaté entre jeunes manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers de la commune de Ratoma, (Hamdallaye, Bambéto, Wanindara, Sonfonia, Cimenterie, Baïlobaya…) réputés être les fiefs de l’opposition. Des bavures attribuées aux forces de l’ordre ont été signalées à plusieurs endroits, notamment à Wanindara où policiers et gendarmes ont été accusés de s’être introduits dans les concessions.
A l’heure du bilan, c’est une guerre des chiffres qui éclate entre le gouvernement qui avait interdit la manif et le FNDC. Il n’y a pas eu de perte en vies humaines, certes, mais de nombreux blessés, selon le Front. Ibrahima Diallo, chargé des opérations du FNDC explique : « Je dois tout d’abord saluer le courage des populations de Conakry, Coyah et Dubréka qui ont répondu à l’appel du FNDC, malgré la pluie et la présence massive des forces de défense et de sécurité, réquisitionnées pour réprimer la manifestation. Malgré le caractère pacifique, les forces de sécurité ont obéi aux ordres illégaux, en faisant usage d’armes de guerre. Nous avons 20 blessés par balles dans nos rangs, dont deux sont entre la vie et la mort. Côté pouvoir, « plusieurs » blessés. Nous avons enregistré une dizaine d’arrestations. Il y a un militaire qui s’est introduit au domicile d’un citoyen à Wanindara, il a arraché un bébé de 4 mois des mains de sa maman et l’a jeté par terre. Le bébé est blessé ».
Le gouvernement et bien des détracteurs affirment que le Front a raté le pari de la mobilisation puisque la paralysie n’a été constatée que le long de la route Leprince. Ibrahima Diallo tempère : « La manifestation d’hier marque le début de la mobilisation pour le départ de monsieur Alpha Condé. Mais on ne peut pas interdire une manifestation, réquisitionner les forces de défense et de sécurité et dire que la manifestation a été un échec. Nous connaissons la capacité de mobilisation du FNDC. Si le gouvernement pense que le Front ne peut pas mobiliser, pourquoi sortir l’armée, la police et la gendarmerie ? »
Le ministère de la sécurité a sorti d’autres chiffres. Dans le communiqué qui parle d’actes inciviques plutôt que de manifestation, on dénombre « une dizaine d’agents blessés par les jets de pierres. Six manifestants interpellés ». Le communiqué ne fait mention d’aucun blessé par balles du côté des manifestants. Le nombre de manifestants mis aux arrêts est à prendre avec des pincettes. A Wanindara seulement, c’est au moins cinq adolescents, dont une fille, qui ont été ramassées dans la matinée du lundi.
Yacine Diallo