La première « session spéciale » de la 9è législature a pris fin vendredi 3 juillet au Palais du Peuple. Une vraie acrobatie au cours de laquelle Amadou Damaro Camara, le président du parlement-croupion, a tenté de déployer ses talents d’apprenti-dictateur et d’acrobate juridique pour tromper l’opinion. La session qui ne pouvait être que spéciale, s’est déroulée à la va-vite. Les projets de loi présentés ont été adoptés à la vitesse de l’éclair. Dans les débats, les rares députés qui n’étaient pas de nature à caresser dans le sens du poil ont eu tout le mal pour s’exprimer. L’Assemblée nationale guinéenne ne semble plus offrir cet espace de liberté garanti à des parlementaires dignes de nom. L’on a tordu la main à la loi pour modifier les textes et exclure un membre du bureau jugé « récalcitrant.»

Le seul projet de loi dont l’adoption était nécessaire s’appelle Code électoral. Il a été retiré parce que le pouvoir grimpeur ne pouvait pas bégayer dans ce domaine face à la CEDEAO qui refuse aux adeptes de la gabegie électorale, Alpha Condé y compris, le tripatouillage des textes à 6 mois du scrutin. Or, comme l’a souligné le bâtonnier, Me Traoré, « la nouvelle constitution, falsifiée et illégitime, » tel que publiée au Journal officiel du 14 avril 2020, dispose en son article 42 que « tout candidat à l’élection présidentielle doit, entre autres conditions, justifier le parrainage des électeurs déterminé par le Code électoral.» Le projet de loi portant code électoral ayant été retiré, voilà « la nouvelle constitution » obligée d’entrer en pleine contradiction avec le code électoral révisé de l’ancienne législature. Damaro le sait très bien. En tout cas, tout le monde l’a entendu conclure que le nouveau code électoral sera examiné après la présidentielle de 2020.

S’il s’accommode d’un tel imbroglio juridique, qu’il réalise au moins que non seulement le crime n’a jamais été parfait, mais que le voleur reviendra toujours sur le lieu du crime. Certainement sans le vouloir, Amadou Damaro Camara nous plonge au cœur de l’opération de falsification de la nouvelle constitution « adoptée » le 22 mai, avec la possibilité de présenter des candidatures indépendantes. Pour barrer la route aux farceurs, aux plaisantins et aux va-nu pieds, il est tout à fait loisible d’introduire la pratique du parrainage.

Seulement voilà ! Vu le tumulte qui régnait en très haut lieu il n’y a pas encore longtemps, les stratèges rabougris du régime auraient imaginé une situation dans laquelle Ibrahima Kassory Fofana pourrait diriger ses appétits d’ex-premier Ministre vers le fauteuil suprême de Sékhoutouréya pour donner du fil à retordre au président Alpha Condé. Comme on voit Cellou Dalein Diallo sur tous les arbres de Guinée et de Navarre, on a aussitôt établi la certitude que tous les militants et sympathisants de l’UFDG s’agenouilleront devant les bulletins de Don-Kass pour infliger une défaite historique à l’ancien opposant du même nom. Malheureusement, le coup de pinceau du falsificateur de la constitution du 22 mai n’avait touché que la candidature unique. Le parrainage qui l’accompagne est resté intact. Juste pour rendre la violation de « la nouvelle constitution » quasi obligatoire à l’occasion de la présidentielle de 2020. Quel trou de mémoire !

DS