Le conseil des ministres a tenu sa session ordinaire le 13 août par visioconférence pour parler de ce qui blesse la Guinée le plus. Le Prési Grimpeur a invité le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement à ouvrir le Koly du 4ème projet Eau et mettre en service les installations déjà réalisées en vue de l’amélioration rapide de la desserte en eau des villes de Kankan et N’Zérékoré. Avec le 18 octobre qui arrive au galop, politicards et populace risquent d’avoir  beaucoup de linge sale à laver avant de perdre la raison. Papa Colis Kourouma en a profité pour brandir le poing de la simulation: détérioration significative de la qualité du service dans toutes les villes desservies par la SEG, la Société des Eaux de Guinée, équipements vétustes, déficit d’énergie électrique, sites de production envahis, capacités techniques limitées. Le tout, couronné par un manque criard de ressources.

 « À date, le taux d’accès des populations urbaines à l’eau potable est d’environ 31%, desserte par intermittence à tour de rôle. Ce constat éloigne de l’objectif de 75,6% fixé dans le PNDES (2016-2020). Fin 2019, l’étude du Schéma directeur d’alimentation en eau potable du Grand Conakry vision 2040 estime les besoins de production d’eau pour Conakry à 370 000 m3 par jour, pour une population de 2,6 millions d’habitants. La capacité de production existante est de 150 000 m3/jour, un déficit de 220 000 m3/jour (environ 59%) ». Le ministre de l’Hydraulique a déploré une prolifération de forages de type privé tant à Conakry qu’à l’intérieur pour combler le manque à gagner. Pour parer à ce déficit, un investissement « urgent s’impose pour le renouvellement des systèmes filtrants et la construction d’un ouvrage de décantation en tête de source de Yéssoulou II et III, afin de couvrir les besoins jusqu’en 2030. Le coût de ces projets est estimé à 861 millions de dollars US ». À l’intérieur du pays, le même constat se pose, les besoins de financement sont estimés à 800 millions de dollars des Etats Unis pour les besoins en eau à l’horizon 2040.

Cracher le pognon !

Pour des besoins estimés à des millions de dollars, la mobilisation des ressources reste entière. Si le pays dispose d’un énorme potentiel de ressources hydroélectriques apte à aider  au développement, (barrages hydroélectriques, agriculture, alimentation en eau, industries, transport fluvial, élevage et pêche,) le compte semble loin d’y être. « Pour remédier à cette situation, la mobilisation des ressources financières s’avère nécessaire. Dans le secteur de l’hydraulique, le mécanisme de financement repose principalement sur l’Etat, les partenaires techniques et financiers et le Fonds de l’hydraulique, confronté à de nombreuses difficultés parmi lesquelles, le non recouvrement des redevances dues aux prélèvements et aux turbinages des ressources en eau par certains gros usagers notamment, les sociétés de production d’énergie hydroélectrique (société de gestion de Kaléta et de Souapiti en construction), les sociétés minières : CBG, SBK, GAC, SMB. Le manque à gagner est estimé à plus de 1 053 (mille cinquante-trois) milliards de francs guinéens ».

Le Conseil des ministres a demandé au ministre de l’Hydraulique de se mettre en rapport avec ses homologues des Finances et Budget en vue d’élaborer un dossier sur la structuration du financement du secteur à soumettre au pool économique dans deux semaines. Les Koly sont jetés à un moment où  les robinets sont totalement à SEG.

Oumar Tély Diallo