Le professionnalisme avec lequel les bidasses maliens ont évincé IBK, le 18 août dernier, sans effusion de sang, a suscité des commentaires. Ces bidasses très attachés à leur patrie suivaient attentivement l’évolution de la crise sociopolitique que traverse le Mali depuis des mois. Le fossé se creusait de jour en jour entre la société civile malienne sous l’impulsion du charismatique Imam Mahmoud Dicko et le pouvoir d’IBK. Et face à l’aggravation de la situation, le désormais ex-prési malien, soutenu par le machin de la CEDEAO, ne voulait aucunement céder sous la pression de la rue. Cette situation délétère associée à des revendications catégorielles a provoqué l’intervention des hommes en tenue. Dans leur discours, les mutins sont clairs et précis, «ils prennent le pouvoir pour assurer la stabilité du pays».

Nous avons l’habitude d’entendre que comparaison «n’est pas raison». Pourtant, il y a des situations qui méritent bien des comparaisons. La Guinée et le Mali sont «deux poumons dans un même corps». Et pourtant, dans les faits, tout sépare les deux pays. Si l’un est réputé pour ses coups de force depuis la chute de Modibo Kéïta, premier prési post colonial à Ibrahim Boubacar Kéïta alias IBK, l’autre a toujours défendu un pouvoir, un homme. Les Guinéens se plaignent de leurs bidasses qui les ont toujours réprimés dans le sang, notamment lors des événements sociopolitiques.

Pouvoir Fory Coco

Pendant le règne du Général Fory Coco, la grande muette avait sévi, elle avait sévèrement réprimé les manifestants de janvier-février 2007 au niveau du fameux pont des pendus. La répression était tellement féroce que les bidasses aux yeux et aux bérets rouges avaient poursuivi les manifestants jusqu’au cimetière de Kameroun pour les achever. Beaucoup avaient juré sur le palpitant que la répression était l’œuvre de soldats venus de la Guinée-Bissau voisine. Il a fallu attendre trois ans avec le triste et inoubliable massacre du 28 septembre au stade du même nom, pour que les Guinéens se rendent à l’évidence que ce sont ces mêmes bidasses qui avaient réprimé au cimetière. Le seul crime de ces manifestants, pour la plupart des jeunots, était d’avoir osé se soulever contre la mal-gouvernance qui avait caractérisé la fin de règne du Général président «paysan».

Le pouvoir Grimpeur

Pour avoir lutté pendant quatre décennies, Alpha Grimpeur aurait pu, à son arrivée au pouvoir en 2010, améliorer la gouvernance. Que nenni ! La situation a plutôt empiré dans les secteurs de la défense et de la sécurité. Malgré les réformes engagées dans ces secteurs dont le Grimpeur s’est toujours vanté, bidasses et flics ont continué à réprimer les manifs sociopolitiques. Les FDS n’hésitent pas à violer les domiciles, renverser les marmites en proférant des injures à caractère ethno. Comme pour dire que les bailleurs de fonds qui ont mis la main à la poche dans le cadre de ces réformes ont jeté leur fric par la fenêtre.

Sur les réseaux sociaux, village planétaire oblige, les internautes ne manquent pas d’imagination. Pour eux, au Mali, «les bidasses renversent le pouvoir et en Guinée, les nôtres renversent des marmites».

Le vendredi 21 août, des centaines de personnes ont manifesté à Bamako, pour soutenir le coup d’État militaire qui a déposé mardi le prési IB-Kappè.  Mieux, nous avons tous vu qu’au Mali, les religieux et les artistes ont eu le courage de dénoncer l’injustice et la mal gouvernance qui gangrènent les pays africains. L’exemple de l’Imam Dicko et Salif Kéïta vedette mondiale qui avait fait une vidéo demandant aux Maliens de sortir chasser IBK, restera gravé dans les mémoires.

Bah Mamadou